P-6, l’oligophrénie et le mépris de la rue


Chers manifestants...

Les récentes arrestations de masse dues au règlement P-6 permettent de tester l’intelligence et les convictions de nos candidats politiques. Dans un article au ton condescendant, Jean-Martin Aussant rappelle aux simples manifestants ce qu’ils doivent faire pour faire avancer leur cause, car ils ignorent de toute évidence les mécanismes du pouvoir qu’ils tentent de combattre. Tout d’abord, il commence par distinguer, par le biais d’une caractérisation scientifique, deux types de manifestants : les pacifistes de bonne foi qui se tiennent dans les limites du « gros bon sens », et les oligophrènes. Ces derniers sont dans la rue « par manque d’émotions fortes, le visage masqué, à la recherche d’une vitrine à fracasser ou d’une altercation défoulante », et sont incapables de lire plus de huit lignes du philosophe Aussant. Pour preuve : il n’y a « pas assez d’images et trop de mots ». Il faut rappeler que l’oligophrénie désigne une « faiblesse d'esprit dont le degré est variable, pouvant aller de la débilité mentale à l'idiotie, et empêchant un enfant d'acquérir son autonomie et de s'adapter socialement. »

Aussant nous explique, avec perspicacité, que c’est l’Assemblée nationale qui adopte et modifie les lois. Il ne manque pas de souligner que nous sommes une simple province d’un autre pays, et n’hésite pas à nous révéler un secret : « je vous expliquerai, c’est parce que nous ne sommes pas souverains ». Il continue ensuite par une analyse fine de la psychologie du député, dont la principale motivation est d’être réélu. De son expérience personnelle, il nous garantit « qu’un député qui recevait 50, 100, 150 courriels, visites, appels ou lettres portant sur le même sujet finissait toujours par en parler au caucus en demandant que le parti se positionne officiellement ». Clair comme de l’eau de roche.

Jean-Martin Aussant persiste avec son analyse neuroscientifique, en montrant que les manifestants de bonne volonté, dont le désir profond est de faire les nouvelles, pourraient davantage se faire entendre par la seule voix de leur député : « ces mêmes personnes qui, une à une, contacteraient directement leur député feraient probablement moins les nouvelles mais obtiendraient avec certitude l’attention de la partie du cerveau dudit député qui est consacrée en permanence au calcul de sa probabilité de réélection dans tout ce qu’il fait ou dit. Cette partie du cerveau d’un élu existe bel et bien et j’ai pu observer empiriquement qu’elle est inversement proportionnelle à la force de ses convictions. »

L’argument est simple : l’appel à la cohérence, ou plutôt au « gros bon sens » des députés, qui devront inciter les municipalités à respecter le droit de réunion pacifique, alors que ces mêmes députés étaient contre la loi 12 dans leurs « grandes envolées pré-électorales bien calculées. » Vraisemblablement, tout est une question de calcul en politique. Résultat : les péquistes approuvent le règlement P-6 sans hésiter. D’après Jean-François Lisée, « c'est absolument raisonnable et j'implore les associations étudiantes, a-t-il dit. Une manifestation, ce n'est pas spontané, c'est organisé, c'est appelé à une heure dite. Donc, qu'ils donnent l'itinéraire, tout simplement, pour que ça se passe dans le calme. »

Aussant, en bon dialecticien, croyait avoir résolu l’antinomie de l’obéissance et du refus : l’obéissance maintient l’ordre des députés, et le refus protège la liberté « à l’intérieur d’un certain domaine du gros bon sens ». Il est donc tout à fait possible de désobéir efficacement en déléguant son refus à Jean-François Lisée, qui saura bien s’en occuper. CQFD

Malheureusement, la partie du cerveau qui se charge du calcul de probabilité de réélection semble sous-développée dans le cas de Jean-Martin Aussant. Sa sortie risque bien de créer une crise dans son parti, d’autant plus qu’une bonne partie de ses membres est issue de la jeunesse du printemps québécois. Pour preuve : David Girard, ex-candidat d’Option nationale dans Dubuc, a annoncé le 26 mars 2013 qu’il claquait la porte du parti. « J’ai assisté au cours des derniers mois à une incapacité du parti à accepter la critique. Je quitte le parti à cause de son incapacité à investir des énergies dans les régions du Québec. De plus, je quitte le parti car je n’ai plus confiance en son chef. Cette sortie est la goutte qui aura fait déborder le vase. Je claque donc la porte au parti Option nationale, après avoir milité pour ce parti avec beaucoup d’énergie et de temps et après avoir été candidat à la campagne électorale dans Dubuc à l’élection du 4 septembre 2012. Je ne veux pas être associé à un parti représenté par un chef qui ne saisit pas les enjeux de la jeunesse. La jeunesse c’est l’avenir du Québec. Les jeunes luttent pour un avenir plus juste et équitable et je les appuie. »

Comment expliquer une telle gaffe politique ? En reprenant l’explication scientifique d’Aussant, la partie du cerveau qui s’occupe du calcul politique « existe bel et bien et j’ai pu observer empiriquement qu’elle est inversement proportionnelle à la force de ses convictions ». Il est donc normal que le chef d’Option nationale ne soit pas d’abord préoccupé par la rationalité pratique de ses actions, c’est-à-dire par l’utilisation efficace des moyens pour parvenir à ses objectifs, en portant une attention particulière aux conséquences de ses déclarations. Au contraire, ses convictions l’amènent à privilégier une pédagogie infantilisante, centrée sur le respect total d’une valeur suprême (la souveraineté), qui marginalise les situations concrètes et les autres valeurs comme la justice sociale. Faut-il rappeler que l’indépendance n’est ni de gauche, ni de droite ?

À ce titre, Max Weber distingue deux éthiques de l’action politique : l’éthique de la responsabilité fait la marque de l’homme politique qui répond aux conséquences de ses actes, tandis que l’éthique de la conviction conduit à une attitude doctrinale généralement associée à la domination charismatique d’un chef sur son parti. Si Aussant incarne le salut de la Nation québécoise pour les membres d'Option nationale, alors ceux-ci devront rester vigilants face à l’appauvrissement intellectuel et à la discipline du parti.

« Mais il ne faut surtout pas oublier qu'à la révolution pleine d'enthousiasme succédera toujours la routine quotidienne d'une tradition et qu'à ce moment-là le héros de la foi abdiquera et surtout la foi elle-même se résignera ou encore elle deviendra - et ce sera là son plus cruel destin - un élément de la phraséologie conventionnelle des cuistres et des techniciens de la politique. Cette évolution est tout particulièrement rapide dans les luttes idéologiques, tout simplement parce que ce genre de luttes est en général dirigé ou inspiré par des chefs authentiques, les prophètes de la révolution. Dans ce cas en effet, comme en général dans toute activité qui réclame un appareil à la dévotion du chef, l'appauvrissement et la mécanisation ou encore la prolétarisation spirituelle au profit de la « discipline » constituent une des conditions du succès. C'est pourquoi les partisans victorieux d'un chef qui combat pour ses convictions dégénèrent d'ordinaire très rapidement en une masse de vulgaires prébendiers. » Max Weber, Le savant et le politique, 1919, p.68

Commentaires

  1. David Girard a quitté le 26 mars 2013, et non le 26 mai.

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  2. Peut-être serait-il pertinent maintenant de lire la définition du mot «Hyperbole» question de voir en quoi cet outil de la langue diffère du diagnostique médical. Pour ce qui est du ton il me semblait approprié à la plateforme qui publiait le texte (des texte simples loin des thèses universitaires avec un petit côté grinçant voir baveux). Mais, je dois vous concéder ce point, dans une perspective électorale il n’était pas stratégique de sa part de mouiller dans ces eaux.

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  3. Je devrais finalement remercier Aussant pour m'avoir procuré la satisfaction de lire votre excellent article.

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  4. Je crois que votre billet fait preuve d’une lecture rapide et, pour tout dire, réductrice du texte d’Aussant. S’il vous plaît d’accuser ce dernier d’être condescendant, libre à vous… mais développez! Pourquoi passer la majeure partie de votre billet à gonfler sous le terme « d’analyse neuroscientifique », une remarque très générale que fait Aussant à propos de la tension chez un député entre le désir de faire valoir ses valeurs et le désir de garder son siège. Après cet exercice d’exagération, vous vous donnez beau jeu de réduire sa position à quelques absurdités. De plus, il n’y avait nulle nécessité de terminer votre billet en vous cachant sous l’autorité d’un Weber. Voulez-vous nous donner une leçon de sociologie, vous qui reprochez l’attitude pédagogique d’un Aussant? Je préfère mille fois le ton d’un pédagogue assumé qui prend en charge l’énonciation de ses idées plutôt que d’attribuer ces dernières à je ne sais quel savant.
    Je reviens à la condescendance, ce qui, selon ce que vous nous annoncez, constitue votre principal grief contre le chez d’Option Nationale. Il semble, selon ce que j’ai lu dans votre texte, que vous insistiez sur la distinction que fait Aussant entre deux types de manifestants. Annonçant l’arrogance dont vous ferez usage tout au long du texte, vous ridiculisez dès l’abord les propos d’Aussant en ironisant sur la scientificité de cette distinction. Évidemment, vous ne croyez pas qu’il s’agit d’une distinction scientifique, mais vous ironisez, ce qui vous donne un avantage décisif puisque toute la suite des propos d’Aussant paraîtra ridicule sous votre plume. Or, en quoi y a-t-il de la condescendance dans cette distinction? N’est-elle pas plutôt là pour sélectionner le lecteur? Pour afficher une certaine approche du problème, celle qui exige une forme de recul émotif? Voulez-vous alors assimiler un ton pédagogue avec un ton condescendant? Qu’Aussant veuille donner une leçon, y a-t-il là un problème? N’est-il pas d’ailleurs mesuré dans sa leçon, présentant surtout une autre voie compatible avec la mobilisation de la rue? Il dit aux manifestants de garder quelques heures pour faire savoir à leur député ce qu’ils pensent de la loi P-6.
    Je ne peux que m’étonner de cette haine euphémisée contre Jean-Martin Aussant. Lui reprocher d’être condescendant en ridiculisant constamment ses propos (« une caractérisation scientifique », « avec perspicacité », « n’hésite pas à nous révéler un secret », « persiste avec son analyse neuroscientifique », « en bon dialecticien », et j’en passe…) me semble être mal venu. Je suis très souvent proche des sensibilités et des idées de la « gauche », du moins de celle qui s’est battue au printemps et à laquelle je me suis joint. Par contre, je suis toujours atterré de voir que cette même gauche, parfois intelligente dans sa critique, frise le délire lorsqu’elle a décidé qu’elle se faisait un ennemi. Tout indique que l’une de ses branches a décidé, depuis quelque temps, de faire de Jean-Martin Aussant une cible facile. Qu’on s’oppose à ses idées, rien n’est plus sain, mais qu’on le fasse avec rigueur. Il est amusant de voir comment l’on reproche à ses ennemis d’utiliser des armes que nous ne nous gênons pas d’utiliser. Y a-t-il moins de mépris et de condescendance dans les médias de gauche ? Il m’arrive fréquemment, lorsque je lis un journal comme le Voir, d’y constater une condescende (dirigée contre certaines idées ou personnes que je n’apprécie pas par ailleurs), qui est bien plus visible et explicite que celle que vous tentez difficilement de mettre au jour dans le texte d’Aussant. Mais quand la condescendance nous plaît, nous ne la dénonçons pas et lorsqu’une leçon nous déplait, nous y cherchons, en guise de reproche, des signes de mépris ou de condescendance. Si les mêmes règles étaient appliquées rigoureusement à chaque cas, je ne m’en plaindrais pas. Ce traitement asymétrique est peut-être l’un des plus grands maux pour l’intelligence commune. Je me permets donc, tout condescendant que je suis, de vous donner une leçon : soyez donc plus mesuré la prochaine fois.

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    1. Je suis d'accord avec "Anonyme27 mars 2013 06:57" alors je ne reprendrai pas les arguments apportés par lui. J'ajouterai qu'il y a une raison (mentionnée dans le texte) pour expliquer pourquoi Aussant s'adresse aux manifestants; plusieurs l'ont abordés sur twitter sans relâche pour qu'il donne son avis sur P-6, dont moi-même. Alors il a répondu à ceux-là. Comme un démocrate, il propose de se servir du système, sans toutefois cesser la pression dans la rue, les manifestations. Il mentionne que P6 ne devrait pas être et il se permet même de traiter à demi-mot, le porte-parole du SPVM de con stable. Je comprend qu'on puisse être choqué par l'idéaltype du casseur sans cause qu'il décrit, mais voilà, c'est un idéaltype (à la weber), puisqu'il pose l'hypothèse que LES MANIFESTANTS (il n'y a pas deux types de manifestants, mais bien un seul : il oppose un type qui n'en a rien a foutre de la cause et qui ne serait là que pour se défouler, à ceux qui ont une cause. Si vous vous sentez visez et dans la première catégorie; c'est votre problème. Moi pas ! ) ont de bonnes raisons d'être dans la rue à protester. Manifester est un droit, qu'il affirme dans son texte. Qu'on lui reproche ce qu'il a fait: il n'a pas tenu une "analyse neuroscientifique"; vous lui attribuez une telle vision. Il a omit de parler des abus policiers : violence, arrestations préventives illégales, souricières, etc.

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  5. Merci pour vos remarques pertinentes, qui me permettent de nuancer ma pensée. En fait, mon article peut paraître un peu arrogant, car il retourne la grille d'analyse et "l'humour deuxième degré" de Jean-Martin Aussant contre ses propres propos. En effet, je ridiculise sa typologie simpliste des manifestants, qui construit deux catégories rigides : les bons et les mauvais, les casseurs et radicaux étant mis dans le même panier des attardés mentaux. Ensuite, je fais référence à Max Weber non pour me cacher derrière l'autorité de cet auteur, mais pour faire appel à une distinction très connue en sociologie, celle entre l'éthique de la responsabilité (calcul politique, prudence dans les actions) et l'éthique de la conviction, dont témoigne JMA. Je ne rapproche pas l'attitude pédagogique de ce dernier, mais son attitude infantilisante, chose que je ne fais pas en renvoyant le lecteur à certains penseurs de l'action politique.

    Pour appliquer le principe de charité interprétative, il est probable qu'Aussant fasse sa distinction entre les manifestants pour attirer l'attention de son lecteur, le persuader, ce qui est un procédé rhétorique qui n'a rien de mal en soi. Ensuite, je n'ai pas de problème avec le fait qu'Aussant donne des leçons, mais je trouve la leçon qu'il donne aux manifestants est beaucoup trop paternaliste dans ce cas-ci (attitude de quelqu’un qui dirige les autres avec une bienveillance autoritaire et condescendante).

    Bien que sa suggestion semble compatible avec la mobilisation dans la rue (il défend le droit de manifester et ne dit pas d'arrêter de le faire), il dit qu'il est beaucoup plus efficace de passer par le lobying auprès de députés à l'Assemblée nationale. En fait, JMA se trompe quant au niveau de gouvernement pertinent, car il aurait pu nous suggérer d'aller voir nos maires d'arrondissements, nos conseilleurs municipaux et de se mobiliser pour demander le retrait et/ou la modification de P-6 lors du prochain conseil municipal de Montréal, le 22 avril prochain.

    Enfin, l'ensemble de mon argumentation ne dépend pas de l'accusation de condescendance que je reproche à Aussant. Comme vous le soulignez, le ton de mon article est également un peu méprisant et rhétorique, car je visais à faire goûter à mon interlocuteur la médecine qu'il suggère aux manifestants. En gros, les trois arguments principaux de mon article sont : 1) la distinction entre bon et mauvais manifestant est grossière et réductrice ; 2) l'efficacité présumée du lobbying auprès des députés n'est pas au rendez-vous et la parabole du bon citoyen qui refuse dans les limites du gros bon sens est douteuse ; 3) la déclaration de JMA témoigne d'un mauvais calcul politique qui se concrétise par le départ d'un ex-candidat et la grogne dans une frange dissidente d'ON, et celle-ci peut être expliquée par l'éthique de la conviction du chef qui alimente la rigidification du parti, qui peut entraîner à son tour un mécontentement à l'intérieur et à l'extérieur d'ON.

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    1. Bonjour,

      J'ajouterais à l'analyse ici un principe « d'observation du réel ». Cela fait au moins 12 années que je participe à l'organisation de manifestations et, surtout, que je fais très activement du « réseautage » entre les groupes sociaux/militants à Québec. Parmi des centaines de manifestations et de causes, je n'ai aucunement souvenir d'avoir rencontré des gens qui manifestaient en soi pour le plaisir. Sincèrement, jamais. On ne lutte pas par simple plaisir : ce n'est pas une activité du genre hédoniste. Pour les rares cas de casse, à Toronto surtout, leurs motivations étaient explicites. J'ai déjà vu des émeutes... et elles n'étaient aucunement politiques: des foules lors d'événements sportifs ou culturels.

      À Québec, durant tout le « Printemps des carrés rouges », il y a eu exactement ZÉRO émeute et même aucun vandalisme (il y a eu une exception le 22 juin quand un automobiliste macho a menacé la foule).

      Vous me direz que c'est différent à Montréal, sauf que je dois à nouveau faire intervenir le réel: la dernière manifestation fut arrêtée subitement et personne, à ma connaissance, a tenté des « actions directes » ni émeutières.

      Toujours est-il que TOUTES les personnes à qui j'ai parlées, pendant 12 années de très nombreuses manifestations, de Québec à Toronto, y étaient avec dans le coeur des enjeux, des sensibilités, la cause et des expériences et des raisons de choisir la rue et non pas d'uniquement écrire à des partis ou sur Facebook. Certes, nos émotions, nos personnalités et notre perception de la réalité influencent nos choix d'actions et de causes, mais est-ce nécessairement sain ou encore de la responsabilité citoyenne de lutter uniquement par des actions paisibles et bien encadrées par la police?

      AVANT ...

      Jadis, au Québec, il y avait de nombreuses manifestations avec un trajet plus ou moins clair, où la police n'était pas nécessairement invitée et où des groupes communautaires bloquaient parfois carrément la rue pendant des heures! Généralement, une manifestation annonçait simplement un point de départ et d'arrivée, indiquant parfois la rue utilisée, et la police s'adaptait. À PREUVE, l'article 500,1 n'a jamais été utilisé dans les années 2000, pas même durant le « Sommet des Amériques » à Québec. Avant 2012, il avait été utilisé de cette manière une seule fois à Montréal (contre la COBP je crois).

      L'esprit qui régnait était que manifester était une chose protégée par la constitution et que, même si une loi routière québécoise demandait aux gens d'aviser avant, la pratique était que la police escortait et s'adaptait sans amende ni répression.

      En temps normal, un trajet est parfois déclaré à la foule et souvent la police est avisée à l'avance pour s'adapter à la loi, mais actuellement les mouvements étudiants refusent pour marquer un point. Le trajet n'est pas donné, car il est clair que le droit constitutionnel de manifester est mis à mal. Ironiquement, quand la police cessera l'approche répressive, les choses vont retourner à la normale, c'est-à-dire que les trajets ne sont pas chose secrète et sont le plus souvent partagés à la foule présente.

      En bref, ici les invocations de méchants casseurs ou à de faux manifestants voulant se défouler n'ont rien à voir avec la réalité ou avec les faits récents. Ce sont de faux arguments, réellement non fondés, qui servent à justifier une position confortable quand le système actuel sert nos intérêts. À mon avis, du côté des manifestant-es, c'est qu'il y a un enjeu supplémentaire, soit l'affirmation qu'une manifestation n'a pas à suivre un trajet aimé par la police.

      Un dernier rappel à la réalité: les manifestations bloquent les rues entre 5 à 20 minutes, souvent moins, alors que la police bloque la rue pendant des heures lors d'arrestations de masse. À mon avis, la police le fait exprès, pour choquer davantage les automobilistes, pour des raisons sociopolitiques plus ou moins conscientes.

      - Michaël Lessard

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    2. Je me permets ici de répondre à votre réponse. Lorsque je vous accuse d’utiliser Weber comme une autorité, je ne m’en remets pas simplement à ma propre fantaisie, mais je m’appuie sur la manière dont vous le faites intervenir dans votre texte. Je dis précisément qu’il n’y avait nulle nécessité à en appeler à Weber et ces mots sont choisis. Je considère qu’un auteur est invoqué comme autorité s’il est appelé sans nécessité. Or, l’idée que vous voulez amener, me semble-t-il, est de dire, à partir d’une phrase tirée du texte d’Aussant, que ce dernier tend à obéir à une éthique de la conviction. Or, prendre les concepts de Weber à un tel niveau de généralité et les appliquer avec une rapidité d’analyse qui frôle l’insignifiance ne me semble rien amener à votre propos. Vous vous servez vaguement du mot « convictions » utilisé par Aussant pour sauter, et quel saut!, sur la théorie de Weber. Soit vous montrez rigoureusement en quoi Aussant tend vers cette éthique de la conviction au-delà de l’usage du mot, soit vous n’évoquez pas ce point. J’aurais de loin préféré une analyse plus personnelle du rapport entre lesdites convictions et la situation spécifique de cet article d’Aussant qu’une rapide analogie de mot avec Weber. La grille de Weber est pertinente, mais appliquée avec une telle généralité on lui fait dire ce que l’on veut.

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    3. Suite
      Vous dites, par ailleurs, que vous nous faites goûter la même médecine que celle que nous présente Aussant. Pour ma part, j’ai beau lire les deux textes, je ne peux m’empêcher de trouver le vôtre d’une arrogance bien plus prenante que le ton pédagogique, certes légèrement infantilisant pour certains lecteurs, présent dans celui d’Aussant. Je trouve tout aussi infantilisante votre tendance à donner des définitions aux allures de définitions de dictionnaire dans des réponses. Vous me répondrez peut-être qu’il s’agit encore là de servir la médecine d’Aussant. Si telle est votre réponse, permettez-moi d’y voir de la mauvaise foi.
      Mais l’essentiel n’est pas là. Vous nous dites que vous attaquez Aussant sur trois points. Je vais donc suivre vos instructions et analyser ces trois points. Vous dites que la distinction entre bons et mauvais manifestants est grossière et stupide. Certes, mais le statut que vous lui accordez semble dépasser de loin l’intention de l’auteur. Aussant pose sa distinction à l’intérieur d’une hypothèse qui lui sert, selon les éléments du texte même, à sélectionner son lecteur. C’est une remarque qui sert à mettre l’auteur et le lecteur dans la même disposition. « Vous et moi sommes de bonne foi dans notre lutte excluons donc ce qui nous mènerait sur la voie d’un procès d’intentions. » Voilà, dans le contexte du texte, une signification qui me semble plus appropriée pour ce passage. Puis, deuxième point, vous lui reprochez de manquer la cible puisqu’il devrait suggérer aux militants de s’adresser aux élus municipaux plus qu’aux élus provinciaux. Mais ce reproche n’affecte en rien ces propos. Croyez-vous qu’Aussant s’y opposerait? C’est dans l’esprit de son texte que d’appliquer ce mode d’action à d’autres échelons que l’échelon provincial. Puisqu’Aussant est en politique provinciale et qu’il connaît mieux ce milieu, il me semble tout naturel qu’il ait préféré parler de cet échelon plutôt que de politique municipale. Pour ce deuxième point, vous semblez être victime du même type d’erreur interprétative que pour le premier. Vous absolutisez certaines positions, certains énoncés, sans vraiment interroger leur fonction dans le texte. Tel un dictionnaire qui nous donne des définitions bien lisses, mais souvent moins nuancées que l’usage réel de la langue, vous nous faites votre réfutation bien lisse en trois points, excluant tout ce qui ne s’y conforme pas. Finalement, vous parlez d’un mauvais calcul politique. Le départ d’un ex-candidat est bien peu de chose. Que cet ex-candidat ne soit plus d’accord avec l’orientation du parti, libre à lui. C’est même un geste que j’approuve. Option Nationale est un jeune parti, il y aura du tâtonnement, c’est ce qu’il y a de plus normal. De prendre ce départ pour le symptôme d’un mauvais calcul politique semble quelque peu exagéré. C’est supposer qu’il y a calcul. Si cet ex-candidat est parti, il ne devait plus être à l’aise sur plusieurs autres points.

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  6. Une leçon à tirer (pour les auteurs qui ambitionnent à occuper un espace de pensée critique), je crois, de ce travail que vous venez de faire : le premier texte dont vous nous faites l'interprétation juste ici ne fonctionne pas comme vous l'entendez. La médecine que vous souhaitiez servir à votre adversaire recouvre tout le propos jusqu'à en faire plutôt une critique de style (la condescendance). Qui est pertinente, certe, mais qui masque le contenu de votre réflexion par trop de fonne littéraire. La jouissance est belle, mais je me demande si parfois, combattre le style par le style ne devient pas une bonne manière de ne pas se rendre au fond des choses. Surtout face au lecteur. Voyez, Aussant est votre interlocuteur ici. Mais c'est le lecteur qui se trouve à devoir jouer ce rôle. Mais je suis certain que votre propos n'est pas principalement de faire du nez-à-nez avec le monsieur. Je trouve par conséquent vos derniers petits paragraphes de clarification beaucoup plus efficaces politiquement, forts et intéressants même que l'article enveloppé de dérision.

    Cela dit, je cherche ici surtout à contribuer au renforcement du travail critique et à ses possibilités d'agir qui passent par une certaine efficacité du discours.

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    1. Je partage vos critiques, et il s'agit du premier article enveloppé de dérision que je publie sur ce blog. La plupart du temps, je m'occupe de questions théoriques et pratiques, d'une analyse philosophique, sociologique et politique, mais le dernier article d'Aussant est venu me chercher personnellement, comme une foule de personnes qui ont répliqué en commentant sur la page d'Urbania. Je persiste à croire que JMA a fait une gaffe auprès de la jeunesse, et j'aurai certainement d'autres occasions de critiquer ses positions par une analyse critique et distancée, qui aura une certaine efficacité du discours. :)

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  7. Si vous n'êtes pas la pour la cause, mais uniquement pour foutre le trouble, vous êtes un imbécile.

    Je m'excuse. Mais SI... vous n'ÊTES PAS a une manifestation POUR la cause, mais UNIQUEMENT parce que vous êtes a la recherches de sensations fortes et d'altercations avec la police... Oui, vous êtes un imbécile ou dumoins un osti de trou de cul qui fait la job d'un infiltré.

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    1. Quelle proportion des manifestant(e)s sont dans une manifestation uniquement pour foutre le trouble? Le problème, c'est que JMA désigne cette catégorie de personnes par des signes extérieurs : visage masqué, et volonté de briser des vitrines. Dans cette catégorie, il y a peut-être des imbéciles comme vous les nommez si bien, mais il y a aussi des radicaux partisans de l'action directe, qui se masquent pour des raisons de sécurité et n'hésitent pas à employer d'autres tactiques que le "gros bon sens" du manifestant pacifiste de bonne foi, et ce pour des raisons politiques. On peut ne pas être d'accord avec ce genre de pratiques, mais JMA fait un amalgame en associant les gens usant de moyens non-pacifiques à des oligophrènes, ce qui cause problème. C'est le manichéisme entre bon et mauvais manifestant, qui reprend les mêmes étiquettes que ceux qui dénonçaient la violence lors du printemps érable, qui refait surface.

      De plus, JMA souligne ces quelques rares cas de manifestants de mauvaise foi, en omettant de parler de brutalité policière qui explique pourquoi plusieurs personnes, qui ont déjà utilisé la voie des urnes, sont maintenant dans la rue et font moins confiance à classe politique. Autrement dit, JMA peut bien dénoncer un certain usage de la violence dans la manifestations, mais il le fait en "psychologisant" ces acteurs d'une manière douteuse, sans comprendre vraiment la dynamique de la contestation.

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    2. On n'a pas besoin d'un article de presse pour cerner ce qu'est l'imbécilité. Et me faire taxer de 'gentil manifestant' me donne juste le goût d'aller fesser sur un puching-ball afin de défouler le sentiment d'exaspération que cela génère en mon fort intérieur.

      Ça reste malgré tout fort révélateur et permet d'éclairer nos choix en terme de vote.

      Imaginez, avec le discours que JMA entretient, jusqu'où il serait capable d'aller s'il gagnait des élections et quelles types de libertés il prendrait, convaincu qu'il est de détenir une compréhension des enjeux politiques, économiques et sociaux qui échappent au menu peuple.

      C'est tristement déçevant d'autant qu'on s'attend à plus d'humlitlé d'un homme si éclairé et si articulé.

      Tous ces paradoxes me sidèrent.

      Même OBama n'a jamais osé se péter ainsi les bretelles.

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  8. Votre texte manque désespérément de cohérence... y mettre des extraits de Weber ne le rend pas plus cohérent. Vous devriez relire le texte de JMA, y comprendre les subtiles nuances et son côté humoristico-sérieux et essayer de rester dans le concret.

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  9. Je crois que votre texte ne pourrait être mieux convenablement construit par rapport à la situation dont nous faisons face. Je m'explique ; Un ancien vice-président d'une grande banque d'investissement multinationale qui perd ses élections et qui voit son partie remporter un moins grand pourcentage de vote que le Parti Vert en 2008 (faut tout de même le faire!) et qui, aujourd'hui, voit une jeunesse encore debout après des années de lutte (parce que la lutte étudiant n'a pas débuter en 2012 (contrairement à ce que le JdeM veut le faire croire (le nouvel employeur de JMA).

    Je peux comprendre que sa perte d'espoir soit difficile pour lui, mais ce n'est pas une raison pour cracher (le mot n'est pas durement choisi) sur ceux qui luttent.

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