Où s’en va Option nationale ?


Réponse d’un indépendantiste aux nationalistes

Lors du dernier congrès du 2 et 3 mars 2013, Option nationale a pris plusieurs décisions importantes quant à son avenir et celui du mouvement souverainiste. Les propositions adoptées ou rejetées par le congrès permettent d’éclairer son projet de société et les valeurs qui le sous-tendent. Évidemment, cela n’est pas sans impact sur les autres organisations du paysage politique québécois, dans un contexte où les alliances et rivalités changent parfois au gré de certaines déclarations controversées.

Option nationale n’échappe pas à cette situation, d’autant plus que son principal allié objectif, Québec solidaire, est très sensible à certaines affirmations relatives à ses valeurs, comme la justice sociale, l’écologisme, le féminisme, l’altermondialisme, etc. Malheureusement pour la gauche indépendantiste (QS), la tendance empruntée par le dernier congrès d’ON laisse entrevoir une démarcation nette entre la culture politique de chaque parti.

Pour expliquer cette divergence, nous ferons appel à une suggestion de Ludvic Moquin-Beaudry, qui décelait l’idéologie gaulliste dans les plus récentes positions d’Option nationale. Nous tisserons donc un parallèle à partir d’une typologie qui définit les dix critères de cette doctrine politique, en les comparant aux propositions du congrès d’ON et aux valeurs, implicites ou explicites, de ce parti. D’après Wikipédia, le gaullisme traditionnel prône :

1) L'indépendance de la France, par le refus de sa « vassalisation » à des organismes supranationaux (ONU, Communauté européenne, OTAN), à des superpuissances (États-Unis) ou aux puissances économiques et financières. Cette indépendance est défendue dans les domaines politiques, économiques, culturels, diplomatiques et militaires.

Il va sans dire qu’Option nationale défend la souveraineté du Québec, celle-ci étant définie par l’autorité suprême de l’Assemblée nationale en matière de lois, impôts et traités internationaux. Par ailleurs, les membres d’Option nationale « ont voté une résolution pour la création d'une armée québécoise qui aurait le mandat de protéger l'intégrité territoriale du Québec ».
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2013/03/03/002-option-nationale-jean-martin-aussant-vote-confiance.shtml

2) Par extension, le respect à travers le monde des nations, entités culturelles façonnées par l'histoire et rempart des peuples contre les impérialismes (voir les discours sur le Québec libre, sur la guerre du Viêtnam (discours de Phnom Penh), etc.).

Bien qu’Option nationale ne fasse aucune mention de solidarité avec les luttes de libération nationale ailleurs dans le monde, un amendement au point 1.4. de la plateforme a été adopté afin de reconnaître les minorités historiques à l’intérieur du Québec. « Cette Constitution définira les institutions du Québec et établira la reconnaissance de valeurs fondamentales comme l’égalité homme-femmes, le respect des premières nations et de la minorité historique anglophone, la justice sociale, le bien-être des aînés, la protection de la langue française, la laïcité des institutions et le respect rigoureux de l’environnement et des principes du développement durable.

3) Un pouvoir exécutif fort et stable qui donne au président de la République un rôle primordial.

Étrangement, les membres d’Option nationale ont rejeté l’idée de République lors du congrès, probablement à cause d’un manque de connaissance, ou afin de ne pas décider à l’avance la forme des institutions politiques d’un Québec souverain. Par contre, il est possible de prendre cette caractéristique « centralisatrice » du gaullisme pour analyser le fonctionnement interne du parti, où le chef et le Conseil national prennent une place prépondérante.

4) Un lien direct entre le chef et le peuple passant au-dessus des corps intermédiaires (élection du chef de l'État au suffrage universel direct, recours fréquent au référendum).

Voici le point 6 du programme : « La perte de confiance du public à l’égard de l’État et de ses institutions doit être impérativement corrigée. Il en va des fondements mêmes de notre démocratie. La population doit se sentir bien représentée par ses élus et doit pouvoir compter sur un système qui minimise la partisanerie et place l’intérêt national au centre de l’action gouvernementale. La présence de groupes d’intérêts particuliers auprès du gouvernement doit aussi être strictement encadrée afin de ne pas ouvrir la porte à d’autres motivations que celle de bien gérer le domaine public […] Option nationale fera en sorte que la population puisse en tout temps imposer à une commission parlementaire un mandat d’initiative populaire si celui-ci recueille par le biais d’une pétition l’appui de 5 % des électeurs inscrits ».

5) Le rejet du gouvernement des juges. De Gaulle disait : « En France, la [seule] Cour suprême, c'est le peuple ». À l'origine le rôle du Conseil Constitutionnel se limitait à éviter une déviation du régime parlementaire en régime d'assemblée, mais pas d'imposer sa vision des droits fondamentaux aux organes élus du peuple.

Ce point ne s’applique pas vraiment à la situation d’Option nationale.

6) Le rassemblement de tous les Français, au-delà du clivage gauche / droite, source de division et donc de déclin, via le lien direct du chef et du peuple et la politique sociale.

Ce point est essentiel au discours d’Option nationale, qui martèle que la souveraineté ne doit être ni à gauche, ni à droite. Aussant a récemment affirmé ceci : « Je souhaite aussi la bienvenue aux souverainistes de droite, qui ont leur place à Option nationale. Quand on veut travailler pour que le Québec devienne un pays, c'est ici qu'on doit s'impliquer», a-t-il répondu.

7) Le refus du libéralisme économique classique au profit d'une économie orientée par l'État en vue d'un développement volontariste (la planification, l'aménagement du territoire, les grands projets publics, le keynésianisme. etc.).

Si on regarde le point 2 de la plateforme, nous pouvons constater plusieurs points concernant la nationalisation des ressources naturelles, la création d’une Banque du Québec, la révision du mandat de la Caisse de dépôt et placement, l’électrification des transports et un plan d’indépendance énergétique. L’État joue alors un rôle central en termes de développement, dans un esprit keynésien et « social-démocrate ».

8) Le double refus du capitalisme (exploitation d'une classe par l'autre) et des socialismes révolutionnaires (lutte des classes) au profit d'une « troisième voie » sociale. Au-delà d'une protection sociale avancée, la participation (aux bénéfices, aux décisions, à la propriété de l'entreprise), aussi appelée l'association capital-travail, doit réconcilier les Français entre eux et aboutir à la fois à la justice et à l'efficacité.

« Questionné à savoir comment sa formation politique voulait se distinguer de Québec solidaire, M. Aussant a dit que l'attitude du parti envers le capitalisme était différente : Mon opinion, c'est le capitalisme bien encadré par un système légal et réglementaire est le meilleur système ». À ce titre, Option nationale ne refuse pas uniquement l’étiquette de la gauche ; lors de son congrès, la proposition de faire de la lutte à la pauvreté une priorité nationale a été rejetée ! Bien que des arguments portant sur le caractère flou de la proposition ont été abordés, il s’agissait notamment de se démarquer de QS, selon les dires de certains membres. Le slogan « ni droite, ni gauche, mais en avant » prend ici tout son sens.

9) Sur la méthode : le pragmatisme et le refus des carcans idéologiques en vue d'atteindre les objectifs fixés : indépendance et rayonnement de la France dans le monde, unité intérieure de la France au service du projet patriotique.

« Option nationale ne croit pas diviser le vote souverainiste au Québec, mais prétend incarner le seul et unique vote en faveur de la souveraineté. Selon le chef du parti, voter pour le Parti québécois ou pour Québec solidaire n'est pas une garantie qu'un référendum sur la souveraineté sera organisé lors d'un premier mandat. […] Il faut un changement d'habitude. Un jour, les gens vont se dire qu'un vote souverainiste, c'est un vote pour Option nationale. Dans les plateformes des autres partis, il n'y a rien de concret, a dit M. Aussant. »

En plus de la fausseté de ces affirmations (QS s’engage à tenir une Assemblée constituante débouchant sur un référendum dès son premier mandat, tandis que le PQ propose une voie étapiste concrète, la gouvernance souverainiste), Option nationale se targue d’être le seul représentant de la souveraineté au Québec, en prétendant mettre « la cause avant la partisanerie ».

Malheureusement, Aussant se présentera à Montréal lors des prochaines élections, et « la circonscription de Hochelaga-Maisonneuve pourrait bien être dans sa ligne de mire. » Bien que son choix ne soit pas encore arrêté, cela pourrait causer de graves contentieux avec QS, car il s’agit de la circonscription d’Alexandre Leduc, qui a de bonnes chances de devenir le prochain porte-parole masculin du parti. Dans cette éventualité, même un pacte de non-agression serait de facto exclu. Présenter le chef d’un parti nationaliste de centre-gauche dans la même circonscription d’un porte-parole d’un parti de gauche indépendantiste est-il travailler pour la cause avant la partisanerie ?

10) Un certain conservatisme sociétal : de Gaulle était contre l'avortement (mais c'est sous sa présidence que la pilule contraceptive fut autorisée par la Loi Neuwirth , et pour la peine de mort ( mais il grâciera toutes les femmes condamnées à mort ).

Heureusement, Option nationale ne semble pas encore souffrir de conservatisme social dans son programme. Néanmoins, le groupe Génération nationale, rassemblant des membres du Bloc québécois, du PQ et d’ON tentent de dissocier le projet souverainiste de la gauche pluraliste au profit d’un nationalisme identitaire, anti-islamiste et anti-progressiste. Quand on voit Aussant inviter Mathieu Bock-Côté, Joseph Facal et les opposants à la gratuité scolaire au sein de son parti, on voit que le nationalisme prend le dessus sur toute considération sociale et progressiste.

Le nationalisme n’est pas l’indépendantisme

D'après cette typologie, le gaullisme semble être une sous-catégorie du nationalisme, à la fois mi-conservateur (sur la question identitaire) et mi-progressiste (sur la question du libéralisme économique). Celui-ci tient davantage du nationalisme identitaire, par opposition à Québec solidaire qui tire plus du côté du nationalisme civique et pluraliste. Il s'agit donc d'une forme de nationalisme classique au goût du jour (ni gauche ni droite), par opposition à Québec solidaire qui défend un nationalisme de gauche, qu'on peut qualifier d'indépendantisme au sens de Ferretti et Miron :

« Le nationalisme traditionnel limite ses luttes à la sauvegarde de la langue et des autres spécificités de la culture nationale, alors que l’indépendantisme vise l’émancipation politique, économique, sociale, autant que culturelle, de la nation en la dotant d’un État libre et indépendant. » Andrée Ferretti, Les grands textes indépendantistes, tome II (1992-2003), Typo, Montréal, 2004

Évidemment, Option nationale met de l’avant le nationalisme économique à la manière du PQ, mais en omettant de prioriser les enjeux de pauvreté et de justice sociale. Il est nulle part mention d’émancipation ou de lutte de libération nationale. L’armée, la langue et la préservation de la culture nationale semblent beaucoup plus importantes que les inégalités sociales grandissantes qui frappent de plein fouet les porteurs de cette langue. Comme le disait Michel Chartrand : « les nationalistes pardonneront les pires turpitudes au PQ. Ils sont prêts à oublier qu’il existe une différence énorme entre le nationalisme et une véritable libération nationale. Raison pour laquelle j’ai toujours été contre ces "nationaleux" qui voulaient sauver la langue et laisser crever ceux qui la parlent. »

Qu’est-ce que le salaire minimum ?

Enfin, la fameuse bourde de Jean-Martin Aussant à propos de son nouveau salaire versé à même les coffres de son parti représente la goutte qui fait déborder le vase : « 86 000$, pour les heures que je mets, c’est presque le salaire minimum. » Comme le souligne Sylvain Bérubé sur une image qu’il a fait circuler sur Facebook : « Pour faire un peu de maths: quelqu'un doit travailler 85 h/semaine (12 h/jour incluant les fins de semaine) pendant 50 semaines à 20 $/h pour faire 85000 $/année. Et 20$/h, c'est le double du salaire minimum. Just saying. »

Certains font des déclarations en apparence anodines, mais qui s'accumulent, de manière à faire ressortir, comme des actes manqués, les vraies priorités des acteurs en question. Non seulement cette blague témoigne d’une incompréhension des conditions de ceux et celles qui vivent au salaire minimum, mais montre qu’il ne s’agit pas d’un enjeu important pour le parti. Le fait que les membres d’ON votent à 97% pour ce salaire n’est pas un problème démocratique en soi, mais montre d’une certaine manière la place du « pouvoir charismatique » aux yeux des militant(e)s qui choisissent de donner un montant « symbolique » à leur chef.

Une question démocratique ?

Cette décision irrite certainement les rangs solidaires, qui se sont jadis fait reprocher par certains membres d’Option nationale de verser un salaire à Françoise David (42 000$) alors qu’elle était présidente de QS sans être élue. Bien qu’il n’y ait pas de problème à rémunérer ses porte-paroles pour leur travail, la valeur du montant est tout de même représentative des valeurs du parti, à savoir s’il est égalitariste ou non. Faut-il payer le/la porte-parole au prix d’un salaire industriel moyen, égal aux autres salarié(e)s du parti, ou prendre 2/3 de la masse salariale totale comme dans le cas d’ON ? Pour ceux et celles qui rétorqueraient qu’il y avait un consensus à rémunérer Aussant sans qu’il soit possible d’amener des amendements sur son salaire, il est possible de répondre que l’absence d’amendements en congrès n’est pas un signe de grande qualité délibérative.

À ce sujet, une sortie de Sébastien Croteau a mis en lumière les lacunes démocratiques lors du congrès : « Depuis hier, nous avons été témoins d'un nombre important de manquements quant aux règlements et aux statuts qui régissent notre parti et qui régissent habituellement les assemblées délibérantes. […] Que ce soit dans les délais de réception de l'avis de convocation du congrès, dans les délais concernant la réception des documents afférents au congrès ou que ce soit dans l'application même du Code Morin, les manquements sont trop nombreux pour que nous les passions sous silence. Aussi, nous avons omis de voter l'ordre du jour du congrès, voter la présidence et, par sagesse, un rapport détaillé ainsi qu'une présentation des actes et des décisions du Conseil national aurait dû être inclus dans l'ordre du jour. […] Et comment pouvons-nous croire que de recevoir les 72 pages d'amendements, deux jours avant le congrès, peut nous mener vers une discussion riche et féconde qui nous permettra de prendre des décisions éclairées et réfléchies? […] En faisant ce triste constat, nous nous devons de faire un sérieux examen de conscience quant aux répercussions réelles et symboliques que pourraient causer de tels manquements. Nous ne pouvons continuer à avancer en niant la situation. Nous ne pouvons non plus se servir de la jeunesse de notre parti comme une excuse. Si nous voulons jouer dans la cour des grands, nous avons le devoir d'en imiter certains comportements. »

Bilan critique

Le dernier congrès d'Option nationale démontre la hiérarchisation des priorités du parti. Comme le souligne Jean-Nicolas Denis dans un commentaire, « ON est pour la création d'une armée du Québec, refuse d'affirmer vouloir faire du Québec une république et ne veut pas pousser pour que ça apparaisse dans la constitution, puis se contre-fiche de la lutte à la pauvreté. Ça n'aurait pas été plus logique de voter complètement l'inverse? Ce que j'aurais adopté à leur place : 1) Que dans le contexte actuel (coupe et destruction du filet social tant par le fédéral que par le provincial) on considère la lutte à la pauvreté comme une priorité politique (surtout considérant que ça touche énormément les jeunes et les étudiant-es que ce parti essayait de convaincre pendant le Printemps érable...), 2) on met de l'avant le plus possible les idées et valeurs républicaines (ie : le pouvoir dans les mains des citoyen-nes!), 3) on laisse l'Assemblée constituante débattre de la pertinence d'avoir une armée du Québec! »

Il est de plus en plus clair qu’Option nationale représente une sorte de PQ 2.0., accessible aux jeunes souverainistes, mais ignorant les erreurs historiques du Parti québécois qu’il reproduit inconsciemment. La doctrine « ni gauche ni droite » représente un leurre, d’autant plus qu’une plateforme de centre-gauche n’attirera pas des électeurs à droite de l’échiquier politique. Bien que la gauche « fasse peur » à l’électeur moyen, faut-il pour autant s’adapter aux sondages du moment ou plutôt essayer de persuader le public de la justesse de nos revendications ? Avons-nous besoin plus de sécurité, une image rassurante, ou un peu plus de liberté, comme le disait si bien Pierre Bourgault ?

Option nationale embrasse la liberté pour la question nationale, mais endosse la sécurité pour la question sociale, c’est-à-dire le problème de l’exploitation et de la domination économique. Pourquoi cette séparation étanche entre l’indépendance et la justice sociale ? Pourquoi ne pas être cohérent et miser sur la sécurité économique et politique comme le PQ (néolibéralisme, gouvernance souverainiste), ou encore l’émancipation économique et politique comme QS (socialisme et indépendance) ? Pourquoi l’indépendance et la démocratie devraient-elles se limiter à la sphère étatique, au lieu de s’étendre à la société entière? Jaurès ne disait-il pas que la grande Révolution a rendu les Français rois dans la cité et les a laissés serfs dans l’entreprise ? Parfois, les nationalistes semblent limiter le discours "Sécurité, solidarité et respectabilité" de Bourgault à la question nationale et la critique du PQ, alors qu'il s'étend également à la justice sociale! 



L’avenir de l’indépendance

À ceux et celles qui veulent l’indépendance, la République et la justice sociale, ces propositions sont déjà réunies au sein de Québec solidaire : « Québec solidaire défend un ensemble de grands principes républicains permettant l'expression de la souveraineté populaire. Il les mettra de l'avant lors de la rédaction de la constitution du Québec. Ces principes constitutionnels aborderont tant les chartes des droits sociaux et individuels que les modalités d'organisation des institutions politiques, le type de laïcité que nous voulons, la démocratie citoyenne et participative, le modèle d'intégration privilégié, l'importance des biens publics et la décentralisation des pouvoirs. La République que nous défendons sera le dépositaire de l'intérêt général et reposera sur une démocratie qui rejette toute forme de concentration du pouvoir vidant de sa substance la souveraineté populaire. »

Concernant la confusion entourant l’Assemblée constituante, à savoir si elle débouchera sur une ou plusieurs propositions, sur une ou deux questions lors du référendum, il est important de distinguer la position officielle du parti du discours des porte-paroles qui l’ont porté avec ambiguïté. Dans le procès-verbal du congrès de 2009, la proposition est formulée comme suit : « En fonction des résultats de sa démarche, qui devront être connus de la population et dont l’Assemblée constituante aura l’obligation de tenir compte, cette dernière élaborera un projet de constitution. Le projet de constitution qui contiendra une proposition sur le statut politique du Québec sera soumis à la population québécoise par voie de référendum, ce qui marquera la fin du processus.»

Pour échapper à l’argument selon lequel l’Assemblée constituante pourrait accoucher sur une constitution compatible avec le cadre fédéraliste canadien (que QS rejette dans son programme par ailleurs), il suffirait d’apporter la proposition suivante lors du prochain congrès du parti : « l’Assemblée constituante aura pour mandat de rédiger la constitution d’un Québec souverain ». Ainsi, il n’y aurait plus aucune manière dont Aussant pourrait continuer à affirmer que Québec solidaire n’est pas « vraiment » indépendantiste, tout en prétendant rester ouvert à fusionner avec n’importe quel parti aussi clair que lui sur la souveraineté.
 
Option nationale devra alors faire un choix : ou bien continuer à miser sur le nationalisme (ni gauche ni droite) et rejoindre le Parti québécois lorsqu’il promettra de tenir un référendum lors de la prochaine élection s’il est élu majoritaire, ou bien opter pour la liberté et la solidarité auprès de Québec solidaire, en refusant la « respectabilité » qui a paralysé le mouvement indépendantiste depuis trop d’années. Voulons-nous nous contenter d'un Québec souverain, mais capitaliste et militariste comme le Canada, ou instaurer une République sociale et écologique, au service du peuple ?

« Je suis obligé de terminer très rapidement en vous disant que nous devons refuser de tenter de nous faire une image de respectabilité qui soit l’image traditionnelle des notables, des possédants, des riches et des bourgeois. » - Pierre Bourgault

Commentaires

  1. Aucune indépendance sans république.

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  2. "Voulons-nous un Québec souverain, mais capitaliste et militariste comme le Canada, ou une République sociale et écologique, au service du peuple ?"

    Juste avec cette phrase vous venez de gâcher la studieuse analyse que je viens de lire. Mais c'est votre opinion et elle résume à elle seule la raison pourquoi nous voulons nous éloigner de QS.

    Toujours ramener ça à une vision manichéenne du monde. La bonne gauche bienveillante et la méchante droite belliqueuse et bornée.

    Il y a très certainement un monde entre les deux et c'est là que se trouve la majorité du monde. Et nous gouvernons pour la majorité du monde, pas pour une minorité.

    ON tente d'amener le concept de souveraineté dans son expression la plus vivante et la plus large et elle reflète la réalité de ce que nous sommes, occidentaux. Trop facile de nous démoniser et nous mettre dans un carcan.


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    1. Si je ne m'abuse, l'idée de vouloir faire une Armée du Québec, ainsi que vouloir «le capitalisme bien encadré par un système légal et réglementaire», ça ressemble beaucoup au principe de "capitaliste et militariste comme le Canada".

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    2. En effet, l'opposition finale entre le Québec capitaliste et militariste d'une part et la République sociale d'autre part semble creuser un fossé entre deux visions antagonistes du monde. Le but de cette comparaison est de montrer que l'approche qu'ON préconise pourrait mener à la création d'un simple État qui reproduirait les schèmes de domination actuels. Si on regarde les priorités du dernier congrès, les membres ont voté pour l'armée, et contre la république et la lutte contre la pauvreté ; cela en dit long sur les priorités du parti et la vision de la souveraineté.

      Mais effectivement, ON souhaite ratisser large avec son discours souverainiste. QS le fait également, car il veut réunir tout le monde au sein de son Assemblée constituante, qui sera élue au suffrage universel. Le parti défendrait sa propre vision du Québec souverain, mais laisserait la complète indépendance à l'assemblée populaire ; elle sera alors garante de l'inclusion et la représentativité des différentes tendances actuelles de la société. Il est possible que la République sociale et écologique du Québec n'accouche pas ; mais au moins, le parti n'aura pas milité en faveur du capitalisme et du militarisme durant l'élaboration de la constitution.

      C'est pourquoi je ne souhaitais pas démoniser ON dans cette analyse, mais montrer les points faibles et les dérives potentielles de son approche. Je connais personnellement plusieurs personnes au sein d'ON, et plusieurs d'entre elles ne partagent pas la vision que je critique de ce texte et qui a émané du congrès. Je suis heureux qu'une seule phrase vers la fin vous a agacé malgré "l'analyse studieuse" du reste du texte, et je vais nuancer mon affirmation afin de prendre en compte votre désarroi.

      Merci pour le commentaire!

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    3. « Et nous gouvernons pour la majorité du monde, pas pour une minorité. »
      Vous gouvernez déjà ? ON ne voudrait pas que l'on traite la question sociale avant l'indépendance, mais statue sur la question militaire. Comme le dit Jonathan, ça dénote un certain des priorités. Le volontarisme indépendantiste d'ON et son refus d'aborder la question sociale ne manifeste aucunement que vous représentez une majorité, à moins que vous ne représentiez la majorité silencieuse, comme j'ai déjà entendu Mathieu Bock-Côté s'en réclamer. Mais ça, ce qui est plaisant avec la majorité qui ne parle pas, c'est qu'on peut lui faire dire ce qu'on veut ! Mais ça ne donne pas plus de substance à votre prétention à gouverner pour la majorité alors que vous n'avez aucun élu.

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  3. Pour avoir été au congrès et avoir voté. Je n'apprécie pas que l'on associe mon vote en faveur d'une armé du Québec comme étant que je veux un système "...militariste comme le Canada."

    Avoir écouter les arguments logique et censé de la nécessité pragmatisme d'avoir une armé au Québec n'a absolument aucun rapport avec le canada ou aucun autre pays qui possède une armé.

    Mais pour préciser par rapport au Canada.Ce que nous souhaitons faire d'une armé est de loin très différent de se qui se fait déjà au Canada.

    J'apprécierais avec tout le respect que je vous doit que si vous voulez faire une débat d'idée que cela reste un débat d'idée et non un débat de sentiment et de préjuger non-fondé.

    Merci et bonne journée.


    P.S. J'utilise l'anonymat ici parce qu'il s'agit d'une intervention ponctuel que je ne souhaite pas viré en débat.

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    1. En effet, un vote pour la création d'une armée québécoise n'équivaut pas à prôner le militarisme nécessairement. Par contre, je crois qu'il aurait été plus raisonnable de mettre de l'avant la République et la lutte à la pauvreté, en laissant la question de la nécessité ou non d'une armée à l'Assemblée constituante. Pourquoi vouloir éviter d'imposer une forme institutionnelle particulière à la consultation publique, tout en imposant la nécessité d'inclure une armée?

      Évidemment, la question de l'armée est délicate, car elle dépend de facteurs géopolitiques complexes. Certains mettent de l'avant la nécessité de protéger les ressources naturelles et le territoire contre les invasions potentielles, ce qui n'est pas à négliger. Or, l'implantation d'une armée pourrait mener à une course aux armements avec les États-Unis et le Canada, qui seront de toute façon toujours beaucoup plus puissants que le Québec. Ensuite, les nombreux milliards investis dans la défense, si on ne prend pas en compte les exigences de la justice sociale et de la transition écologique, pourraient accroitre énormément les injustices.

      Somme toute, il ne faut pas adopter ou rejeter l'armée a priori, mais développer un débat de fond sur la nécessité d'une telle chose dans le cadre d'une Assemblée constituante. Le militarisme, entendu au sens large, témoigne davantage d'une préoccupation marquée par la question militaire, au détriment parfois de la justice sociale, comme c'est le cas du Canada actuellement, et de quelques propositions qui ont été adoptées ou refusées dans le dernier congrès d'ON. Je ne crois pas que tous les membres partagent d'une vision, mais c'est l'image qui en ressort.

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