samedi 7 février 2015

Assemblée constituante, pouvoir citoyen et démocratie régionale


Méandres de la question nationale


Jusqu’à maintenant, l’Assemblée constituante a été considérée comme une stratégie d’accession à la souveraineté, soit un outil de démocratie participative visant à ancrer la lutte pour l’indépendance sur un processus de souveraineté populaire. Les débats hautement spéculatifs sur la précision du mandat de l’Assemblée constituante (doit-elle rédiger une ou des propositions, un ou deux projets de constitution, celle d’un État indépendant ou autonome ?) ne semble pas avoir mené à une conclusion définitive. Certaines personnes préfèrent avoir un mandat clair pour être franc avec la population et montrer que l’objectif ultime du processus est l’indépendance du Québec, alors que d’autres préfèrent garder une démarche ouverte pour rallier les personnes indécises sur l’axe souverainisme/fédéralisme. Encore une fois, ce débat repose sur le terrain de la question nationale, les impératifs de clarté et d’ouverture, de radicalité et d’inclusion étant présentés comme des termes exclusifs.


Pour sortir de cette contradiction, il s’agit de transformer le cadre de la discussion en mettant en arrière-plan la question nationale au profit de la question du régime politique. Il ne s’agit pas ici de nier l’importance de la souveraineté nationale et d’arrêter d’en faire la promotion, mais de resituer celle-ci à l’intérieur du problème fondamental de la légitimité démocratique dans un contexte de crise du gouvernement représentatif. Par exemple, le fait de réclamer le rapatriement de tous les pouvoirs de l’État fédéral dans les mains de l’État québécois – à l’heure où celui-ci dépossède les régions de ses leviers de développement économique et des outils de prise de décision, à une époque où la population présente une méfiance généralisée à l’égard de la classe politique et de la fonction publique – semble quelque peu idéaliste compte tenu des circonstances. En effet, le sentiment de dépossession n’est pas d’abord vécu comme étant causé par l’État canadien, mais par le gouvernement du Québec et nos propres dirigeants. L’oppression nationale n’est pas sentie comme une relation de domination entre deux États, mais comme la centralisation du pouvoir dans les mains de l’État-nation qui opprime le peuple québécois.


Tandis que la modernisation de l’État par une élite technocratique était perçue comme le signe d’une émancipation nationale durant la Révolution tranquille (création d’institutions publiques et de programmes sociaux, interventionnisme économique), c’est plutôt un processus d’accumulation par dépossession opéré par l’État néolibéral et une crise de légitimité du modèle québécois qui caractérisent le contexte historique post-référendaire. La concertation et les mécanismes traditionnels de la démocratie représentative peinent à organiser le consentement des acteurs sociaux, et les assises du projet souverainiste deviennent de plus en plus fragile. L’élite nationaliste, les technocrates et les politiciens professionnels ne représentent plus une classe dirigeante mais seulement dominante, c’est-à-dire qu’ils n’exercent plus de leadership moral et intellectuel et peuvent seulement se maintenir au pouvoir par la force et les règles d’un système politique désuet.


Le mouvement souverainiste n’est pas le seul à pâtir de cette situation difficile, car les principaux thèmes de la gauche (redistribution de la richesse, extension des services publics et des programmes sociaux, investissements massifs dans l’économie) supposent le renforcement de l’État alors qu’un nombre décroissant de personnes croient encore aux vertus de cette institution. Que ce soit pour réaliser un projet de pays ou un projet de société, les partis doivent encore faire miroiter à la population les bénéfices de l’action politique, et la promesse toujours trahie par l’alternance des gouvernements que « cette fois-ci, ça sera vraiment différent ». Comment transformer le cadre politique et la société alors que les gens ne croient plus à un changement qui viendrait d’en haut ?


La centralisation contre les régions


La première stratégie consiste à miser sur le ras-le-bol actuel des régions face à la concentration du pouvoir dans les grands centres et la frustration croissante à l’égard de l’establishment en préconisant un changement « par en bas ». Il s’agit de réclamer la souveraineté du peuple, le pouvoir des gens, des citoyens, des associations locales et régionales, contre les « grands », les élites économiques et politiques qui cherchent à concentrer les mécanismes de décision entre leurs mains. Cela passe notamment par la promotion d’un modèle de développement local et régional fondé sur l’économie de proximité, ainsi que la revendication d’une décentralisation importante des compétences à la base, accompagnée de moyens financiers adéquats. Si nous regardons de près, la coalition « Touche pas à mes régions ! » représente en fait un mouvement anti-austérité, même s’il n’a pas encore pris conscience de lui-même dans ces termes. La coalition « Coule pas chez nous ! » représente un autre mouvement écologiste qui s’oppose aux pouvoirs des grandes industries pétrolières, lesquelles n’hésitent pas à poursuivre des municipalités en justice (Ristigouche, Gaspé). Autrement dit, de nouveaux mouvements sociaux issus des régions s’organisent actuellement contre le pouvoir central, la contestation allant de la périphérie vers le centre.


Si nous regardons le pacte fiscal des municipalités qui suscite la grogne, le ministre des Affaires municipales Pierre Moreau allant jusqu’à menacer de mettre des villes comme Laval et Longueuil sous tutelle, nous pouvons constater un écart grandissant entre l’Assemblée nationale et les communautés locales, l’État ne venant plus protéger les acteurs vulnérables mais servir les intérêts des grandes puissances. Dans ce contexte, comment faire confiance à nos représentants, et surtout pourquoi vouloir leur donner davantage de pouvoir afin qu’ils puissent s’en mettre plein les poches en nous exploitant davantage ? C’est pourquoi le paradigme de la souveraineté nationale est maintenant dépassé et doit laisser place à celui de la souveraineté populaire, c’est-à-dire à l’autorité du peuple, des gens ordinaires, de « ceux d’en bas », des villages, des villes et des régions, contre « ceux d’en haut », soit les valets-parlementaires, les hommes d’affaires de la finance et des pétrolières. Toute alternative politique véritable doit prendre en compte cette transformation des antagonismes dans l’espace public, les principaux clivages n’étant plus ceux entre les souverainistes et les fédéralistes, la gauche et à la droite. « Monsieur-madame tout le monde » ne s’identifie pas d’abord aux valeurs de la gauche contre l’identité politique de la droite, ou à une cause indépendantiste triomphante contre les méchants fédéralistes. Le peuple souhaite être maître chez lui et ne pas être dominé, et c’est pourquoi il est essentiel de changer les règles du système pour qu’il puisse être libre.


Comment un parti de gauche indépendantiste peut-il se positionner dans ce contexte de reconfiguration idéologique, sans pour autant perdre ses valeurs et renoncer aux réformes radicales qu’il préconise pour changer la société ? Faut-il masquer ses positions progressistes et ses intensions souverainistes pour essayer de convaincre un électorat au centre d’un échiquier politique incertain avec un juste milieu anodin ? Autrement dit, comment adopter un discours large et rassembleur capable d’aller chercher des appuis chez des personnes qui ne sont pas d’emblée convaincues par les idées de gauche ou indépendantistes, sans mettre de côté les solutions nécessaires pour répondre aux enjeux de notre temps ? La solution consiste à adopter un « radicalisme pragmatique » qui lie la radicalité des convictions et du projet d’ensemble avec une perspective réaliste du chemin pour s’y rendre. Il existe sans doute plusieurs façons de réaliser les tâches historiques d’un radicalisme pragmatique dans le contexte québécois du XXIe siècle, mais une piste de solution réside dans une nouvelle interprétation de l’Assemblée constituante et de la démocratie régionale.


La démocratie par en bas


Tout d’abord, l’Assemblée constituante pourrait être conçue comme la mesure centrale d’une alternative politique qui aurait pour moteur non pas l’action des députés à l’Assemblée nationale, mais la participation directe des gens à l’élaboration des institutions d’un nouvel État à leur image. La constitution qui détermine la répartition des pouvoirs, les institutions politiques, les droits et responsabilités, les valeurs qui régissent la société, doit être construite sur les bases de la souveraineté populaire, d’une prise de parole des citoyens et citoyennes dans l’ensemble des régions du Québec. Le cœur du changement ne viendrait pas d’en haut, mais d’une large mobilisation populaire et indépendante des tractations des politiciens professionnels et du cirque parlementaire. Durant ce temps, un gouvernement anti-austérité pourrait mettre en œuvre ses multiples réformes pour répondre aux besoins urgents de la population, mais ces mesures ne seraient pas l’alpha et l’oméga de son discours.


Cette stratégie consiste à dire : « nous ne voulons pas prendre le pouvoir pour diriger le Québec à votre place, nous voulons gagner pour vous donner le pouvoir ». L’axe principal n’est pas la question sociale (gauche/droite) ou la question nationale (souveraineté/fédéralisme), mais la question démocratique (pouvoir du peuple/oligarchie). Évidemment, on ne peut pas faire complètement abstraction des rapports de classes et du cadre politique canadien, mais il est possible d’amener les gens à vouloir changer les règles du jeu, à reprendre du pouvoir sur leur vie, à vouloir une vraie démocratie contre un État centralisé qui les opprime. La réforme des institutions démocratiques passerait alors au premier plan : changement du mode de scrutin, droit d’initiative populaire et référendums, budgets participatifs dans les villes, décentralisation du pouvoir vers les régions, multiplication des outils de développement local, limitation des mandats des élus, révocabilité des représentants corrompus, audit citoyen de la dette, fin de l’immunité des parlementaires, etc. Le nerf de la guerre ne serait plus seulement la défense ou la réforme de l’État social, mais le contrôle démocratique des institutions politiques et économiques. La lutte contre la corruption ne se limiterait plus à de vaines déclarations éthiques, mais se concrétiserait par de vrais mécanismes de contre-pouvoir, de déconcentration des décisions, de contestation, de participation et de délibération sur l’ensemble du territoire québécois.


En étant capable d’imposer cette question démocratique et l’idée de souveraineté populaire dans l’espace public, nous pourrions favoriser la création d’un antagonisme entre l’unité citoyenne et populaire (constituée par la participation des gens des villes et des régions), et une élite dominante formée par la classe politique et le 1% des hauts dirigeants qui s’octroient des énormes salaires et des primes de départ indécentes dans un contexte d’austérité. L’objectif ne serait pas de mettre au pouvoir un gouvernement de gauche, mais un gouvernement populaire qui redonnerait l’initiative et une plus grande partie des décisions aux communautés locales. Bref, un parti des régions qui ne serait plus perçu comme un gouvernement centralisateur ou montréalo-centriste. Le clivage entre Montréal et les régions est extrêmement fort depuis quelques années, et l’austérité ne fera qu’accentuer cette rivalité pour le moins pernicieuse. C’est pourquoi il est crucial d’insister non pas sur la prise en charge de l’économie nationale par un « parti éclairé », mais sur l’autonomie régionale et locale, l’action citoyenne et populaire devant fonder un nouveau partage du pouvoir entre l’État et les gens.


L’Assemblée constituante revisitée


Pour revenir à l’Assemblée constituante, un parti pourrait s’engager à déclencher un processus constituant dans un premier mandat qui aurait une durée limitée de deux ans. Une fois la constitution rédigée et adoptée par référendum, le gouvernement pourrait déclencher les élections et demander à la population de le juger sur le travail accompli par son programme de relance économique et sociale. Il pourrait d’ailleurs axer sa campagne électorale sur le fait qu’il s’engage à diriger le pays sur les bases de la nouvelle constitution élaborée et adoptée par le peuple. En d’autres termes, il s’agit de sacrifier une partie de son projet de société à court terme, d’accepter de partager le pouvoir avec les citoyens, et ainsi de favoriser une base sociale et populaire qui sera prêt à l’appuyer par la suite. Pour prendre un exemple de cette stratégie de « sacrifice partiel », regardons l’exemple de Porte Alegre au Brésil. Avec la sortie de la dictature et la révision de la constitution fédérale en 1988 qui reconnut un droit à la participation aux communautés locales, le Parti des travailleurs (PT) prit le pouvoir dans cette ville de 1,5 million d’habitants et initia une démarche de budget participatif en 1989. Le grand succès rencontré par cette réforme radicale permit au PT de rester au pouvoir dans cette ville pendant cinq mandats consécutifs.


Si nous prenons l’exemple de l’Équateur cette fois, la coalition de gauche radicale Alianza Pais remporta l’élection présidentielle en octobre 2006, et son dirigeant Rafael Correa initia une démarche d’assemblée constituante en avril 2007. Une forte mobilisation sociale favorisa l’élection d’une majorité de membres constituants progressistes (80 sur 130), phénomène qui se traduisit par la rédaction d’une constitution fort innovante sur le plan social, national et démocratique. Celle-ci fut adoptée avec 64% d’appui en septembre 2008, et Correa déclencha les élections en avril 2009 où il fut réélu dès le premier tour avec une majorité absolue. Morale de l’histoire : la population jugea favorablement le bilan progressiste du gouvernement et le fait qu’elle fut sollicitée pour élaborer directement les institutions du pays, acclamant les politiques de Correa avec trois mandats consécutifs. Celui-ci avait un programme largement ambitieux en termes d’emplois, de logement, d’éducation, de santé et de sécurité sociale, mais il réalisa la plupart de ses engagements en s’appuyant sur l’enthousiasme populaire.


Évidemment, le cas du Québec est plus complexe parce que l’assemblée constituante n’aurait pas lieu dans le cadre d’un État indépendant, le cadre constitutionnel canadien ajoutant des bâtons dans les roues de ce processus de souveraineté populaire. Or, cette démarche aurait le mérite de témoigner par les faits des contraintes constitutionnelles imposées par le carcan fédéral. En d’autres termes, il ne s’agit pas de faire une éternelle pédagogie de l’indépendance qui tourne en rond en supposant que les gens n’auraient tout simplement pas encore compris les raisons de la souveraineté, comme si la multiplication des assemblées de cuisine sur le socialisme alors soudainement créer une large volonté populaire en faveur de la révolution sociale. Il ne suffit pas de dire et de répéter les mêmes arguments incessamment, il faut montrer par l’action, par une démarche concrète de participation citoyenne où les gens réaliseront par eux-mêmes les blocages institutionnels à l’élaboration d’un État réellement démocratique.


Ensuite, pour régler la fameuse question de savoir si le projet de constitution doit être celui d’un Québec indépendant ou autonome, nous pouvons nous inspirer de la démarche catalane qui était basée sur deux questions : « voulez-vous que la Catalogne soit un État, et voulez-vous qu’il soit indépendant ? ». Le mandat de l’assemblée constituante serait de rédiger la constitution du Québec, laquelle inclurait des articles applicables immédiatement dans le contexte canadien, et d’autres articles qui seraient activés si une majorité de la population vote Oui pour l’indépendance lors du référendum. Nous distinguons ainsi la question constitutionnelle de la question nationale dans la question finale, tout en élaborant une seule constitution par la démarche participative. Les indépendantistes ne pourraient pas rétorquer que la constitution accoucherait uniquement sur celle d’un Québec province si l’Assemblée constituante en décide ainsi, car celle-ci serait obligée d’inclure les articles d’un État souverain pour que le peuple puisse décider de son avenir politique lors du référendum. Les fédéralistes ne pourraient pas rétorquer que la démarche se limite exclusivement aux indépendantistes, car il sera toujours possible de refuser l’indépendance lors du référendum et de participer à l’élaboration des articles de la constitution. Clarté et ouverture, radicalité et inclusion sont donc au rendez-vous.


Quelle respectabilité ?


Voilà pour la réponse stratégique à la question nationale, laquelle doit être repensée sous la forme d’une réappropriation collective du pouvoir politique par la souveraineté populaire. Comme l’évoque le slogan catalan en faveur du principe d’auto-détermination, « c’est à nous de décider », et non à des juges, une élite politique fédérale ou provinciale. Le parti qui sera capable de se réapproprier cette idée du pouvoir citoyen et populaire pourra ainsi éviter de tomber dans la piège de la stratégie du « bon gouvernement ». Cette dernière consiste à se présenter comme un parti « apte à gouverner de manière responsable », ce qui sous-entend de respecter les règles du jeu et de miser sur la bonne gestion des finances publiques par le respect absolu de l’équilibre budgétaire et des impératifs qui en découlent. Cela ne veut pas dire qu'il faut se présenter comme un éventuel gouvernement irresponsable, mais qu’il faut arrêter de miser sur une image sécurisante et veiller à ne pas tomber dans les travers d’une quête à tout prix d’une crédibilité calquée sur le modèle dominant. Comme le rappelle Pierre Bourgault dans son célèbre discours Sécurité, solidarité et respectabilité (1971) :


« Nous devons refuser de tenter de nous faire une image de respectabilité qui soit l’image traditionnelle des notables, des possédants, des riches et des bourgeois. La respectabilité, ce n’est pas une image, c’est ce à quoi on arrive quand après des années, on se retrouve fidèles à ses objectifs du début, fidèles à ses principes du début et fidèles à ses rêves du début. C’est de cette respectabilité-là que nous devons vivre. Voyez-vous, ce qui n’est pas respectable aujourd’hui peut l’être demain, aussi bien chez les hommes que pour les idées. Hô Chi Minh n’était pas respectable il l’est devenu ; Castro n’était pas respectable il l’est devenu ; De Gaulle n’était pas respectable il l’est devenu ; parce qu’ils sont restés fidèles à leurs rêves de jeunesse. »

samedi 27 décembre 2014

Vers une alliance PQ-CAQ?

Dans un texte d’avril 2013 qui proposait une analyse gramscienne du rôle des intellectuels et la reconfiguration idéologique des partis, j’évoquais l’hypothèse d’une éventuelle convergence du Parti québécois et de la Coalition Avenir Québec. Loin de représenter une spéculation excentrique, de nouveaux signes sur la scène politique québécoise commencent à corroborer ce pronostic. Ce qui à l’époque demeurait un monde possible lointain s’avère un scénario de plus en plus probable qui pourrait se concrétiser dans un avenir rapproché. Cet article vise à faire la démonstration qu’une alliance entre le PQ et la CAQ est non seulement possible, mais réalisable dans la conjoncture actuelle, notamment à cause du rôle clé de Pierre Karl Péladeau dans la création d’un nouveau bloc historique. Comme le rappelle Simon-Pierre Savard-Tremblay (SPST), l’analyse des structures socioéconomiques ne doit évacuer la fonction déterminante des acteurs dans les contextes de crise et de désarroi idéologique.

« Il est de bon ton de marteler que les individus ont un poids bien faible à l’échelle de l’histoire, contrairement aux facteurs lourds et aux déterminismes de toutes sortes à qui on prête des facultés démiurgiques. Pourtant, les acteurs s’investissent au sein de l’espace politique pour en définir les contenus et les contours. Chacun souhaite définir la problématique centrale de cet espace : c’est le propre même de la logique politique que d’espérer y imposer les thèmes centraux de son agenda. Il est dès lors d’autant plus fondamental d’étudier les acteurs au cours des périodes névralgiques où le paradigme politique est en redéfinition. […] Il est trop tôt pour juger si Pierre Karl Péladeau bouleversera le système politique québécois et mènera le Québec vers un nouveau cycle. Il n’est cependant pas ardu de constater qu’il est en position pour le faire, qu’il peut potentiellement bouleverser le jeu et que plusieurs en ont une peur bleue. S’il est impossible de prédire s’il s’agira d’un pétard mouillé, il est tout aussi impossible de prétendre avec certitude que les structures actuelles de l’espace public demeureront indemnes. » [1]


La caquisation comme vecteur du bloc historique


Avant d’entamer l’analyse précise de la fonction actuelle de PKP dans le paysage politique québécois, rappelons quelques objectifs stratégiques que poursuivait le PQ en le nommant à la tête du conseil d’administration d’Hydro-Québec en avril 2013, puis en annonçant sa candidature lors campagne électorale de 2014 : 1) assurer une couverture médiatique favorable au PQ auprès des classes moyennes conservatrices grâce à la convergence médiatique, économique et parlementaire ; 2) percer le bastion de la ville de Québec en favorisant une articulation organique entre le maire Labeaume/PKP/PQ, dont le cœur est représenté par le nouveau phare de l’industrie culturelle québécoise, l’amphithéâtre Quebecor ; 3) opérer la caquisation du PQ, comme le souligne Pierre Dubuc dans son article sur la « berlusconisation du Parti québécois ».


« Dans les cercles souverainistes et progressistes, on attribue le fait que le gouvernement soit minoritaire à la division du vote entre le Parti Québécois, Québec solidaire et Option nationale, et on parle de « convergence nationale », d’alliance électorale en vue du prochain scrutin. Mais, dans l’entourage de la direction du Parti Québécois, on entend un autre discours. Le PQ est minoritaire, dit-on, à cause de son virage à gauche, de son appui à la lutte étudiante. Parlez aujourd’hui à un ministre péquiste et il vous expliquera comment tous ses projets de loi sont conçus pour aller chercher l’appui de la CAQ. Les politiques du Parti Québécois ont d’ailleurs une forte odeur caquiste : pensons à l’objectif du déficit zéro, les compressions dans les commissions scolaires, les suppressions de poste à Hydro-Québec, les coupures à l’aide sociale. Tout est conçu pour plaire à l’électorat caquiste. Avec la CAQ qui ne décolle pas dans les sondages et le rapprochement entre le PQ-PKP, faudrait peut-être envisager la possibilité d’une alliance entre le PQ et la CAQ comme plus probable qu’une alliance PQ-QS-ON ! » [2]


Ce n’est pas un hasard si le principal potentiel de croissance électorale du PQ est à droite de l’échiquier politique (classes moyennes conservatrices et petite bourgeoisie nationale), comme l’a bien montré Philippe Brisson de la firme de conseil stratégique STRATEGEUM lors de son discours au congrès de la Convergence nationale en mai 2013. Un éventuel effondrement du PQ ou de la CAQ amènera une migration de 30% de l'électorat en faveur de l’autre parti, ce qui explique pourquoi le PQ continue son virage à droite malgré la frustration de sa frange militante « progressiste et indépendantiste ». Ainsi, la stratégie identitaire et le réalignement populiste du PQ auraient pour objectif de courtiser la base sociale et électorale de la CAQ, malgré les divergences idéologiques entre ces deux partis. Nous reviendrons sur la tension entre souverainisme et autonomisme, car la mise en place d’une vision commune pourrait surmonter ces contradictions et favoriser la formation d’un nouveau bloc historique.


Selon Gramsci, chaque classe sociale possède un seul parti qui représente la conscience de cette classe, bien qu’il puisse y avoir plusieurs partis indépendants défendant les intérêts complémentaires d’une même classe. Ces derniers peuvent être en compétition, diverger sur des intérêts secondaires et les moyens les plus aptes pour les favoriser, mais il n’en demeure pas moins que ces diverses entités forment en réalité une unité objective. « La vérité théorique selon laquelle chaque classe a un seul parti, est démontrée, dans les tournants décisifs, par le fait que les regroupements divers qui tous se présentent comme parti « indépendant » se réunissent et forment un bloc unique. La multiplicité qui existait auparavant était uniquement de caractère « réformiste », c’est-à-dire qu’elle concernait des questions partielles ; en un certain sens, c’était une division du travail politique (utile, dans ses limites) ; mais chacune des parties présupposait l’autre, au point que dans les moments décisifs, c’est-à-dire précisément quand les questions principales ont été mises en jeu, l’unité s’est formée, le bloc s’est réalisé » [3]


Si une coalition entre le PQ et la CAQ est logiquement possible, la question reste de savoir si elle est réellement accessible à court ou moyen terme, compte tenu de l’histoire, des écarts programmatiques et des rivalités pratiques entre ces deux organisations. Nul ne sait encore si le PQ et la CAQ finiront par s’unir pour former un seul parti de droite nationaliste, ou s’ils continueront de s’entre-déchirer pour répondre aux intérêts contradictoires d’une même base sociale. Il n’en demeure pas moins que les deux partis auraient objectivement intérêt à s’allier en vue des élections de 2018. Bien que l’élection de PKP à la tête du PQ pourrait théoriquement suffire à supplanter le Parti libéral du Québec [4] il n’en demeure pas qu’une coalition avec la CAQ permettrait d’obtenir une écrasante majorité. Comme François Legault a déjà annoncé qu’il quitterait la vie politique s’il ne gagne pas en 2018, il aurait grandement avantage à envisager une alliance s’il désire vraiment prendre le pouvoir et ne pas voir son parti mangé par le PQ revampé par l’effet PKP qui attire tous les regards [voir vidéo]. Le tandem entre les deux hommes d’affaires représente-t-il une idée farfelue ou une possibilité réelle ?


Gouvernement de coalition et souveraineté culturelle


Tout porte à croire qu’un tel scénario pourrait bientôt voir le jour, d’autant plus qu’une alliance entre le PQ et la CAQ aurait pu survenir il y a deux ans, bien avant l’arrivée de PKP. « Au lendemain de l’élection du gouvernement minoritaire de Pauline Marois en septembre 2012, Jean-François Lisée a proposé la formation d’un gouvernement de coalition où François Legault et Jacques Duchesneau, de la Coalition avenir Québec, et Françoise David, de Québec solidaire, auraient siégé au Conseil des ministres. […] Pour former ce gouvernement de coalition, Pauline Marois aurait offert le poste de ministre de l’Économie à François Legault — « il demanderait aussi les Finances, on négocierait », avance l’auteur —, celui de ministre de l’Intégrité à Jacques Duchesneau et celui des Affaires sociales à Françoise David. De plus, un ou deux autres députés caquistes auraient obtenu un portefeuille. Renouvelable, l’entente se serait étendue sur deux ans (ou deux budgets). En échange, « la CAQ s’engagerait à nous laisser l’initiative référendaire » et à accepter la tenue d’un référendum, quitte à rejoindre le camp du Non. « Legault aurait-il accepté ? […] Difficile à dire. […] Mettre en balance des années d’opposition stériles à venir et le poste qu’il convoitait depuis 10 ans — ministre de l’Économie — l’aurait conduit à une réelle réflexion. Je pariais aussi que Duchesneau serait très favorable à un accès rapide au pouvoir. » [5]


Si l’invitation de Françoise David à participer à ce gouvernement demeure symbolique voire méprisante, celle-ci étant appelée à s’occuper des pauvres pendant que Legault aurait le volant sur l’économie ou les finances publiques, Lisée voyait dans cette coalition la possibilité de surmonter la faible popularité du PQ dans l’opinion publique en cooptant les piliers de la CAQ. Or, la question délicate du référendum sur la souveraineté politique du Québec aurait été un repoussoir pour la formation autonomiste de Legault ; il fallait donc trouver un terrain d’entente, un cessez-le-feu sur cet enjeu polarisant, en mettant de l’avant une proposition consensuelle entre les deux partis. C’est ici que le deus ex machina fait son entrée : la souveraineté culturelle. Cette pièce stratégique préconisée par plusieurs acteurs clés (Curzi, Lisée, Legault, Bock-Côté et PKP), représente la pierre angulaire d’une éventuelle coalition PQ-CAQ.


Quelques mois après son départ du PQ, l’ex-député Pierre Curzi critiqua la mollesse de la CAQ sur la question constitutionnelle et fit quelques suggestions à M. Legault. « Si j'étais un vrai autonomiste et non un nationaliste très mou comme la plupart des caquistes, je proposerais aux Québécois un référendum sur les quelques points d'autonomie précis à aller arracher au gouvernement fédéral. […] Je demanderais aussi aux Québécois s'ils veulent la souveraineté culturelle, c'est-à-dire tous les pouvoirs en matière de langue, d'immigration, de télécommunications et de culture. Les sondages nous disent que plus de 75% des Québécois sont d'accord. Le Québec ferait inévitablement des gains puisque le Canada serait obligé de négocier de bonne foi et aussi parce que le négociateur québécois s'appuierait sur une majorité claire. » [6]


Un plus grand contrôle du Québec sur ces domaines névralgiques pourrait ainsi être revendiqué à la fois par les autonomistes et les souverainistes, les premiers y voyant une manière de défendre le caractère distinct de la société québécoise sans s’embourber dans les débats sur l’indépendance, les seconds y trouvant une occasion de provoquer une nouvelle crise constitutionnelle favorable à la remontée de l’option souverainiste dans l’opinion publique. Tel était l’objectif de la proposition avortée du gouvernement de coalition de Jean-François Lisée. « Le conseiller préconisait « un calendrier d’action rapide » pour la tenue d’un référendum sectoriel sur la souveraineté culturelle. Lisée écrit qu’il est arrivé à la même conclusion que le sondeur du PQ, Pierre-Alain Cotnoir : « La seule approche susceptible d’avoir l’effet escompté, c’est-à-dire de faire tomber les masques et révéler le vrai visage du Canada, passe par des actions politiques débouchant sur un affrontement avec Ottawa, par un moment de vérité, par une crise politique dont nous aurions commandé les tenants et les aboutissants. » [7]


La stratégie de la souveraineté culturelle n’est pas propre à certains ténors péquistes, car elle vient récemment d’être intégrée à la vision officielle de la CAQ. À première vue, Legault semble réitérer le mantra du nationalisme autonomiste de la défunte ADQ, reformulé sous l’expression de « nationalisme d’affirmation ou d’ouverture », cherchant une troisième voie entre le « fédéralisme mou » du PLQ et le « pays imaginaire » du PQ. Il s’agit de surmonter le clivage sur la question nationale en misant sur le redressement économique, la résolution de la question constitutionnelle étant repoussés aux calendes grecques. Or, si Legault répète qu’il « n’y aura jamais de référendum sur la souveraineté avec un gouvernement de la CAQ », il rompt avec l’attentisme de son parti sur la question culturelle en ouvrant la porte à la revendication de nouvelles compétences.
« Dans l’incapacité de négocier « quoi que ce soit » avec Ottawa sur le terrain constitutionnel, le gouvernement du Québec devrait à ses yeux se battre sur deux fronts: la langue et l’immigration. Il doit détenir les « pleins pouvoirs » dans ces deux champs. « M. Couillard n’a fait aucune demande concernant entre autres la langue et l’immigration », mais « il a déjà évoqué à quelques reprises […] la possibilité de signer la Constitution canadienne ». « Si demain matin, on dit le Québec — parce qu’il est le seul État qui représente une majorité de francophones en Amérique du Nord — a tous les pouvoirs en matière de langue, a tous les pouvoirs en matière d’immigration, je pense que ça vient asseoir notre nation sur du solide », a-t-il souligné aux journalistes. Le gouvernement du Québec doit avoir en main « tous les pouvoirs » en matière de sélection des immigrants afin de « protéger » le « caractère distinct » de la société québécoise, a soutenu M. Legault à l’occasion du discours de clôture du 1er congrès de la CAQ, dimanche midi, dans un centre des congrès de Trois-Rivières. » [8]


Ce repositionnement idéologique plaît évidemment à certains adeptes du nationalisme conservateur comme Mathieu Bock-Côté, qui y voit l’occasion de ranimer le débat identitaire en coupant les ponts pour de bon avec le « folklore gauchiste radical » de Québec solidaire et la « social-démocratie en déroute ». En écartant l’option de l’alliance à gauche, l’impasse du mouvement souverainiste l’oblige à emprunter la seconde voie, celle d’un « vrai virage nationaliste. Mais, dans ce cas, parler de souveraineté avec un haut-parleur ne suffira pas. Il faudra miser sur l’identité ! Au programme : langue, laïcité, immigration, enseignement de l’histoire et démocratie. Par exemple, il doit faire de la lutte pour la francisation de Montréal une priorité. De même, il doit se poser comme l’adversaire des accommodements raisonnables multiculturalistes. Et proposer une charte de la laïcité qui ne censure pas notre héritage catholique. Il devrait aussi rajuster les seuils d’immigration selon nos capacités d’intégration. Elles ne sont pas infinies. Les curés de la rectitude politique l’insulteront ? La majorité silencieuse, elle, applaudira. » [9]


Si la forme initiale de la charte des valeurs québécoises montra ses limites et l’échec stratégique de la « catho-laïcité », Bernard Drainville a annoncé qu’il présenterait une nouvelle mouture « plus souple et plus consensuelle » de sa charte au début de l’année 2015, laquelle « ressemblera à ce qu'il aurait proposé après discussion avec la CAQ s'il n'y avait pas eu une élection au printemps » [10] Cette convergence sur une charte 2.0 sera elle-même insérée dans une perspective plus large sur la langue et l’immigration, d’autant plus que PKP appuie toujours le projet de la charte et demeure proche des milieux nationalistes conservateurs. Par ailleurs, le propriétaire de l’empire Quebecor sera particulièrement bien positionné pour discuter des autres enjeux de la souveraineté culturelle comme la question sensible des télécommunications. À l’heure du démantèlement de Radio-Canada, le rôle névralgique de Quebecor dans l’industrie culturelle et l’espace médiatique québécois lui permettra d’obtenir un rapport de force vis-à-vis Ottawa afin de rapatrier les pouvoirs du CRTC au Québec. Après tout, nous pouvons reformuler le célèbre adage de Charles Erwin Wilson (ancien président de General Motors) : « What is good for Quebecor is good for Quebec and vice versa ».


Le post-souverainisme Legault-PKP


Nous assistons présentement à l’épuisement idéologique de l’option souverainiste. Élaboré comme une stratégie habile permettant de réunir le nationalisme autonomiste et l’indépendantisme, la gauche réformiste et la droite économique dans un même parti, le souverainisme appartient maintenant au rêve d’une autre époque. Il ne s’agit pas d’affirmer que l’indépendance du Québec devient un objectif superflu ou utopique, bien au contraire ; mais elle ne peut plus être portée par l’ancienne vision du monde qui la vu naître et son principal véhicule politique qui a atteint sa fin de vie utile. Cela ne veut pas dire non plus que le PQ disparaîtra de la scène politique, mais il devra changer de forme et de discours pour aspirer au pouvoir. Ce constat n’est pas seulement partagé par la gauche radicale, mais par Mathieu Bock-Côté qui y voit l’occasion d’une refondation idéologique du nationalisme qui pourrait recevoir une nouvelle traduction politique. Il porte à ce titre une attention particulière sur la nouvelle stratégie de Legault qui définit un nationalisme post-souverainiste.


« François Legault veut désormais fédérer le vote nationaliste et reléguer l’indépendantisme dans les marges de la vie politique, où il serait condamné au statut de tiers-parti. Le nationalisme québécois s’est défini principalement comme souverainisme depuis quarante ans. Il voudrait le redéfinir comme autonomisme. Quoi qu’on en pense, c’est un pari tenable. Il s’agit d’un positionnement optimal pour Legault, qui occupe ainsi le créneau politique dominant au Québec : le nationalisme non-souverainiste  (ce qui ne veut pas dire fédéraliste) de centre-droit.  J’avais constaté l’émergence de ce courant politique dans Fin de cycle, surtout dans les deux premiers chapitres. J’y montrais comment cette sensibilité était probablement majoritaire au Québec mais ne parvenait pas à se traduire politiquement. Son émergence politique dépend en fait de la liquidation du clivage souverainiste-fédéraliste. […] Le nationalisme post-souverainiste à la Legault s’inscrit moins dans une logique d’adhésion sentimentale au Canada que de consentement à une situation historique où l’idéal d’indépendance entre peut-être en dormance. […] Chose certaine, ce repositionnement stratégique sera intéressant à suivre. » [11]


Si l’émergence politique du nationalisme post-souverainiste à la Legault-Bock-Côté suppose la liquidation de l’antagonisme souverainiste-fédéraliste, la figure PKP associée au poing levé indépendantiste ne viendrait-elle pas entraver cette stratégie? Cette donnée compromettante doit être prise en compte, d’autant plus que l’appui à l’indépendance n’a pas le vent dans les voiles et que le clivage sur la question nationale nuit fortement à Legault. « Après avoir bénéficié d'un buzz lié au référendum écossais, selon M. Rivest, les intentions de vote en faveur du Oui sont passées de 41 % le mois passé à 32 % ce mois-ci. Cette polarisation entre fédéralistes et souverainistes est ce qui nuirait le plus à la Coalition avenir Québec (CAQ) et à François Legault avec une victoire de M. Péladeau à la chefferie. Bien avant la stature économique du député de Saint-Jérôme, soutient M. Rivest. Lorsque l'enjeu référendaire refait surface, la CAQ est souvent éclipsée. » [12]


On constate également que l’arrivée surprise de PKP lors de la dernière campagne électorale et l’improvisation autour de la question référendaire a directement nui au PQ et favorisé l’élection du PLQ. L’angoisse existentielle du mouvement souverainiste vis-à-vis la stratégie référendaire l’empêcherait-il pour toujours de redevenir une force politique? Est-on sur le point de dépasser cette phobie découlant des deux traumatismes référendaires afin de reparler de nationalisme et de souveraineté dans de nouveaux termes? Toute la question est là : l’énigme de la course à la chefferie du PQ ne consiste pas à savoir qui arrivera premier (tout le monde le sait depuis le début), mais de découvrir comment se positionnera le nouveau chef par rapport au référendum. Celui-ci aura-t-il lieu à la première, deuxième, troisième année d’un premier mandat, en 2022, au moment opportun? La stratégie de PKP est exemplaire à cet égard : ne voulant pas jouer toutes ses cartes immédiatement, il crée un suspense afin de rallier les indépendantistes durs et les moins pressés en laissant planer le doute sur son intention de passer à l’action. Il préfère plutôt opter pour la pédagogie et mettre entre parenthèse les modalités référendaires pour ne pas donner de munitions à ses adversaires :


« J’ai l’intention de parler de souveraineté [principalement]. D’avoir une approche pédagogique, didactique, d’expliquer… Le référendum est une modalité, la souveraineté est essentielle. » […] Contrairement à plusieurs de ses collègues-adversaires, M. Péladeau n’entend pas dire à quel moment il souhaiterait tenir un référendum. Du moins, pas pour le moment. « À la veille de l’élection [de 2018], je pense qu’on va être en mesure de faire en sorte de déterminer ma position sur le référendum », a-t-il indiqué. Le PQ a « quatre années pour faire un exercice d’explications qui va rapprocher les citoyens de la politique, a mentionné Pierre Karl Péladeau. Les gens vont être en mesure de mieux apprécier en quoi la souveraineté consiste et éviter qu’il y ait cette adéquation entre souveraineté et référendum — comme ça s’est malheureusement produit durant la dernière campagne électorale. » [13]


Il est intéressant de noter que PKP reprend l’idée de SPST selon lequel il faudrait dissocier le mythe du Grand Soir référendaire et la construction pratique de l’État-nation par une série de gestes concrets. « Le référendum polarise autour du pays imaginaire – et se solde par son rejet – plutôt que d’inaugurer une série d’actes d’État édifiant le pays réel. » [14] Dans sa critique du « référendisme » qui condamne le mouvement souverainiste à l’attentisme et au provincialisme, SPST préconise de forger une « doctrine de l’intérêt national » qui ne s’embourbe plus dans les tactiques politiciennes, mais vise la réalisation d’une souveraineté de facto.


« La mutation de cette éventuelle doctrine en politiques concrètes pourrait se décliner en mesures tout aussi diverses que l’établissement d’une nouvelle Charte de la langue française, la création d’un régime québécois d’assurance-emploi, l’intégration du ministère des Relations intergouvernementales au sein d’un nouveau ministère des Affaires internationales, la mise en place d’un rapport d’impôt unique, d’un Conseil de la radio-diffusion et des télécommunications du Québec, etc. Des réformes audacieuses des modes de production industrielle pourraient faire de lui un chef de file dans un Occident qui peine à gérer sa démondialisation. Le tout serait précédé d’une constitution et d’une citoyenneté québécoises qui fixeraient le cadre de légitimité d’action de l’État québécois. » [15]


Dans une conférence donnée devant des étudiants de l’Université de Montréal le 28 novembre 2014 [16], PKP fait la promotion de l’accessibilité des études supérieures, de l’électrification des transports comme projet structurant de l’économie québécoise, et référendums multiples pour consulter davantage la population sur une foule de questions. La stratégie de la souveraineté culturelle viendrait évidemment jouer un rôle clé sur ce plan (langue, laïcité, télécommunications, culture), bien que l’immigration reste un thème absent du discours de PKP pour l’instant. La pédagogie post-souverainiste risque donc d’être présentée par une série d’exemples de « gestes de reconquête ou de rupture », nouveau terme à la mode dans les milieux nationalistes qui essaient de dépasser l’opposition entre élection référendaire et étapisme.


Virage identitaire et nationalisme autoritaire


La stratégie de la « souveraineté culturelle » s’inscrit donc dans une reformulation idéologique du virage identitaire et du nationalisme d’affirmation post-souverainiste, qui entend refonder l’État-nation sur la réappropriation des pouvoirs permettant de protéger la culture de la « majorité historique ». Autrement dit, l’alliance PQ-CAQ catalysée par la direction hégémonique de PKP permettrait la réalisation pratique du projet politique exprimé par les écrits de Mathieu Bock-Côté et le manifeste du groupe Génération nationale. « L’idée nationale doit prévaloir comme horizon de pensée. Génération Nationale réaffirme la légitimité même de la majorité historique de se définir comme référence culturelle. Notre statut de « petite nation » – dont l’existence même n’est aucunement garantie à long terme – exige précisément une fermeté accrue en matière d’affirmation identitaire. La nation se doit d’être le cadre de solidarité et de protection de ses composantes, surtout à l’ère de la mondialisation soi-disant immuable. » [17]


Contrairement aux apparences, le projet de charte des valeurs n’est pas mort et enterré par le dernier échec électoral du PQ ; il représente plutôt le prélude d’une stratégie générale basée sur une doctrine jacobine de l’intérêt national. Dans un texte d’un collectif d’auteurs réunissant SPST, Louise Mailloux, Tania Longpré et d’autres protagonistes de cette mouvance, la laïcité représentait clairement un instrument de réaffirmation culturelle. Notons que l’idée de « fermeté » est encore au rendez-vous : « La mise en place d’une charte ferme, mais juste, vise la cohésion sociale par la cohérence institutionnelle, soit par la transformation de l’identité en doctrine d’État, plaçant la culture de la majorité historique française au centre de l’action gouvernementale - comme la loi 101 en a jadis été un jalon majeur. Nos institutions doivent donc relayer ce qui unit l’ensemble des composantes de la société, tout en constituant un lieu de convergence par rapport à ce qui nous distingue et nous divise. » [18]


Cette vision de l’action politique, fondée sur le rôle prédominant des acteurs et d’une volonté forte capable de redéfinir les règles du jeu, amène une certaine fascination pour le pouvoir et les grandes figures de l’histoire : Jules César, Charles de Gaulle, Jacques Parizeau, Pierre Karl Péladeau, et même… Stephen Harper. SPST en fait même l’éloge en proposant au mouvement souverainiste de s’en inspirer directement, non pas au niveau du contenu, mais de la forme. « Le PQ sera possiblement appelé à former le prochain gouvernement. Une chose est certaine – et la dernière année nous l’a confirmé : aucun parti ne peut tenir pour acquise sa victoire prochaine. Pour parvenir à prendre le pouvoir, Pauline Marois, dont la force de caractère et la détermination ne sont plus à prouver, devra s’inspirer des meilleurs, de ceux qui parviennent à gagner. L’exemple le plus proche de nous est Stephen Harper. Je ne puis penser, en Occident, à un meilleur exemple pour les souverainistes. Non pas qu’il faille calquer intégralement le conservatisme canadien-anglais et le réformisme albertain, non plus qu’il soit productif de traiter notre minorité anglophone avec le mépris dont les québécois sont victimes sous la gouverne du PCC. Mais Stephen Harper est un homme d’État et a le sens de l’État. Harper comprend comme nul autre la politique. Le premier ministre du Canada est passé de régionaliste de l’Ouest à nation builder canadian. Tacticien et stratège hors pair, Harper tient ses promesses, et rebâtit le vieux Canada anglais floué par les libéraux de Trudeau, un Canada qui n’a pas peur d’embrasser toute sa dimension identitaire, historique, britannique et même monarchique malgré le marécage du multiculturalisme imposé par les trudeauistes. » [19]


Dans un texte analysant le rôle symbolique de Lucien Bouchard et l’émergence du populisme autoritaire en sol québécois [20], le concept gramscien de « césarisme » servait à expliquer l’arrivée de figures politico-médiatiques. Dans un contexte de crise (du mouvement souverainiste) et d’équilibre des forces (entre le PQ et la CAQ), la fonction mythique de PKP s’exprime par le fait qu’il est  le seul à pouvoir incarner ce rôle tragico-comique de cette situation historique. « Dresser un catalogue des événements historiques qui ont culminé dans une grande personnalité « héroïque ». On peut dire que le césarisme exprime une situation dans laquelle les forces en lutte s’équilibrent de façon catastrophique, c’est-à-dire s’équilibrent de telle façon que la poursuite de la lutte ne peut aboutir qu’à leur destruction réciproque. Quand la force progressive A lutte contre la force régressive B, il peut se faire non seulement que A l’emporte sur B ou B sur A, mais aussi que ni A ni B ne l’emporte, mais qu’ils s’épuisent réciproquement et qu’une troisième force C intervienne de l’extérieur et s’assujettisse à ce qui reste de A et de B. […] Mais si le césarisme exprime toujours la solution par « arbitrage », confiée à une grande personnalité, d’une situation historico-politique caractérisée par  un équilibre des forces annonciateur de catastrophe, il n’a pas toujours la même signification historique. Il peut y avoir un césarisme progressif et un césarisme régressif et, en dernière analyse, ce n’est pas un schéma sociologique, mais l’histoire concrète qui peut établir la signification exacte de chaque forme de césarisme. » [21]


Il n’est donc pas étonnant que les nationalistes soient susceptibles de chercher cette personnalité héroïque. Ce que SPST affirmait à propos de Pauline Marois vaut a fortiori pour PKP, qui représente son dauphin et le prolongateur tout désigné du virage identitaire entamé par le PQ dès la crise des accommodements raisonnables et l’arrivée en scène de Jacques Beauchemin en 2007 [22]. Il n’est pas non plus étonnant que la stratégie de PKP s’inscrive dans la logique de la « gouvernance souverainiste », mais dans une version plus affirmée que sa prédécesseure qui l’enferma dans le provincialisme. « Dans un Québec en manque en crise politique et en recherche de direction, la Dame de Béton a déjà prouvé sa valeur personnelle, mais elle n’a absolument rien à perdre à faire le pari de l’audace. Le mouvement souverainiste a déjà gaspillé assez de conjonctures et d’occasions de sortir le Québec de sa torpeur. Pour être tout simplement différent, il doit promettre autre chose que de la gestion à la petite semaine. La « gouvernance souverainiste » a déjà le mérite de rompre avec le fatalisme du « grand soir », mais elle serait futile si elle ne savait s’inscrire que dans l’espace de la gestion provincialiste. Contrairement au gouvernement libéral, qui a reculé devant le pouvoir de la rue chaque fois qu’il a avancé une timide réforme, un gouvernement péquiste ne devrait pas avoir peur des sondages, car il puiserait sa légitimité des urnes. » [23]


Cet accent mit sur une personnalité forte appuyée directement sur les masses par le biais de sondages d’opinion et de consultations populaires est l’un des traits du gaullisme, qui associe centralisation et démocratie plébiscitaire. S’il peut être de gauche comme de droite en théorie, cette forme particulière de populisme a tendance à prendre des traits conservateurs lorsqu’il s’inscrit d’emblée dans une stratégie identitaire et un nationalisme qui renonce à la souveraineté réelle (indépendance) pour se recroqueviller sur la souveraineté culturelle (sphère symbolique de la majorité historique). C’est pourquoi nous assistons à la transformation du péquisme en pé(k)pisme prenant la forme d’une doctrine d’État fondée sur le national-populisme autoritaire.


Bouchard et le parti du 357c


Pour revenir au sujet principal de l’article qui consiste à démontrer la rationalité politique d’une alliance entre le PQ et la CAQ dans le contexte des années 2010, nous devons retracer le rôle d’un acteur souterrain qui pourrait expliquer en partie l’émergence du parti de François Legault et certaines reconfigurations de l’espace idéologique québécois. Si PKP représente le visage sensible de cette nouvelle synthèse potentielle, le père du nationalisme « lucide »,  Lucien Bouchard, aurait directement fomenté la création de la CAQ dans les coulisses du célèbre club privé 357c, selon un article de deux journalistes du Globe and Mail en 2011 qui semble corroboré par un article d’Alec Castonguay dans l’édition de mai 2012 du magazine L’Actualité.


« In early 2010, at an exclusive private club in Old Montreal, Lucien Bouchard met with his former prize recruit, François Legault, to talk politics and the need for a new party in Quebec. The club, named 357c for its 200-year-old address on rue de la Commune, bills itself as a place where creative thinking can be conducted in “the utmost comfort and discretion.” This occasion called for privacy. Mr. Bouchard, a former Parti Québécois premier and an inspirational figure for pro-independence forces in the 1995 referendum, had been out of politics for almost a decade and was determined to stay out of the fray. Mr. Legault, a former minister recruited by Mr. Bouchard in 1998, had resigned from the PQ just a few months earlier. Experience drove them to the same conclusion: Quebec sovereignty was an impossible dream and the PQ, while leading in the polls at the time, was defending an option that was obsolete.


“I met Mr. Bouchard a few times over the past few years, and we discussed a lot of things,” Mr. Legault recalled in an interview. “For a few years now I witnessed a political vacuum in Quebec. It was only by default that the PQ [in 2010] was ahead in the polls. … But I sensed that people had no desire to decide between sovereignty and Canadian federalism.” Nearly two years later, Mr. Legault leads an upstart party called the Coalition Avenir Québec that swallowed up its right-of-centre rival this week. The new party was far in the lead in recent polls – thanks, in part, to a promise to put sovereignty on the shelf. The PQ is coming apart at the seams with constant leadership crises, while the Bloc Québécois is a rump. Support for Quebec independence has slipped as low as 33 per cent, below the 40 per cent long held as a floor. » [24]


Il faut noter qu’après son départ de la vie politique « active » ou « officielle », Lucien Bouchard continua d’influencer l’espace public québécois, non seulement par son rôle central dans la filière des gaz de schiste, mais pour manigancer les courses à la chefferie du PQ et la formation d’autres partis politiques. Comme le souligne Pierre Dubuc, « Lors de la course à la direction du Parti Québécois de 2005, il s’est associé à onze autres personnalités pour publier le manifeste Pour un Québec lucide, dans le but d’influencer le cours des débats et favoriser la candidature d’André Boisclair. Dès l’annonce de la démission de François Legault des rangs péquistes, le 24 juin 2009, il se précipitait sur le téléphone pour le joindre dans sa voiture durant le trajet Québec-Montréal afin de l’inciter à créer un nouveau parti politique, comme nous l’apprenait le journaliste Alec Castonguay dans l’édition de mai 2012 du magazine L’Actualité.


Aujourd’hui, à la veille du déclenchement d’une nouvelle course à la direction du Parti Québécois, Lucien Bouchard reprend du service. Il est au centre d’une nébuleuse où on retrouve, entre autres, la famille Bédard du Saguenay, d’où Bouchard est originaire, et Pierre-Karl Péladeau avec tout son réseau d’influence. Quel est l’objectif de cette nébuleuse? En astronomie, on dit que les nébuleuses jouent un rôle clef dans la formation des étoiles. Dans quel projet politique se cristallisera notre nébuleuse? Identifions sur la carte du ciel quelques-uns de ses éléments. Rappelons d’abord que les médias de Québecor et la maison de sondages Léger Marketing ont joué un rôle clef dans l’ascension politique fulgurante de François Legault après son départ du PQ. Des photos bien léchées de Legault et des résultats de sondage favorables publiés à la Une du Journal de Montréal et du Journal de Québec le catapultaient premier ministre avant même qu’il ait créé son parti! Aujourd’hui, le sondeur Jean-Marc Léger confie à ceux qui veulent l’entendre qu’il est favorable à une fusion de la CAQ et du Parti Québécois. Le programme commun pourrait s’articuler autour des thèmes déjà mis de l’avant par la CAQ : nationalisme économique et culturel, assainissement des finances publiques du « Québec dans le rouge », et engagement à ne pas tenir de référendum sur la souveraineté au cours des 10 prochaines années. » [25]


Qui plus est, l’alliance PQ-CAQ reproduit un scénario qui a déjà reçu un appui populaire dans le passé, comme en témoigne un sondage Léger Marketing datant de mai 2006 montrant qu’un parti dirigé par Lucien Bouchard et Mario Dumont écraserait le PQ et le PLQ. Autrement dit, le tandem PKP-Legault pourrait réaliser pratiquement dix ans plus tard le duo virtuel Bouchard-Dumont. « La moitié des Québécois souhaitent le retour de Lucien Bouchard en politique. Ils seraient même prêts à l'appuyer massivement s'il formait avec l'actuel chef de l'Action démocratique, Mario Dumont, un nouveau parti politique, laissant loin derrière péquistes et libéraux. […] La domination de ce nouveau parti politique se serait surtout fait sentir dans le centre de la province (58 %) et dans la grande région de Québec (48 %), là où le Parti conservateur de Stephen Harper a marqué des points lors des élections fédérales de janvier dernier. Selon le sondeur Jean-Marc Léger, il faut y voir l'émergence, dans le sillage de M. Harper, d'une éventuelle troisième voix au Québec. « Les gens cherchent ailleurs. La voie alternative d'un parti conservateur québécois incarné par Lucien Bouchard et Mario Dumont a de l'effet. C'est le courant nationaliste de la droite modérée que, seul, Mario Dumont ne réussit pas à incarner. Mais avec Lucien Bouchard, le tandem ramasse le Québec au complet », fait valoir M. Léger. » [26]


Le culte de Bouchard représente la nostalgie d’un césarisme québécois disparu qui pourrait revivre à travers la figure d’un nouvel homme fort capable de remettre le Québec sur ses rails. Et le plus drôle de cette histoire est que l’alliance potentielle entre le PQ et la CAQ, qui pourrait même donner naissance à un éventuel parti nationaliste hégémonique sous la direction de PKP, rassemble une constellation étroitement associée au club 357c : Bouchard, Legault, Marois, Lisée. Bien que ce lieu soit également fréquenté par des libéraux, hommes d’affaires et maffioso comme Jean-Marc Fournier, Line Beauchamp, Pierre Moreau, Tony Tomassi ou Paolo Catania [27], il n’en demeure pas moins que ce club sélect réunit une clique de politiciens et d’élites économiques qui décident en secret de l’avenir du Québec.


C’est pourquoi cette « caste » doit être nommée et identifiée comme l’adversaire principal du peuple, sans quoi celui-ci serait peut-être prêt à pactiser avec ceux qui l’exploitent et le dominent. Nous pouvons nommer provisoirement « parti du 357c » l’ensemble de classe politique qui rassemble le PLQ, le PQ et la CAQ, ou plus provisoirement le système d’alternance qui opposera bientôt les libéraux à une éventuelle alliance sous la bannière du pé(k)pisme. Étant donné que le clivage souverainiste-fédéraliste sera liquidé dans les prochaines années, il nous restera l’alternative entre l’austérité libérale et le national-populisme autoritaire… à moins que les forces progressistes et indépendantistes prennent en considération cette reconfiguration historique en proposant une troisième voie anti-système qui pourra tirer partie de cette nouvelle donne.




[1] Simon-Pierre Savard-Tremblay, Vers une « révolution PKP » ?, Argument, 7 décembre 2014. http://www.revueargument.ca/article/2014-12-16/623-vers-une-revolution-pkp.html

[2] Pierre-Dubuc, Nomination de PKP à HQ : vers la berlusconisation du Parti Québécois?, L’Aut’ journal, 19 avril 2013. http://www.lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=4583

[3] Antonio Gramsci, Œuvres choisies, Éd. Sociales, Paris, 1959, p.218

[4] Guillaume Bourgault-Côté, Péladeau ferait gagner le PQ, Le Devoir, 15 novembre 2014.


[5] Robert Dutrizac, Lisée a proposé un gouvernement de coalition avec la CAQ, Le Devoir, 1er novembre 2014. http://www.ledevoir.com/politique/quebec/422736/lisee-a-propose-un-gouvernement-de-coalition-avec-la-caq

[6] Pierre Curzi, Le nationalisme mou de la CAQ, La Presse, 26 janvier 2012. http://www.lapresse.ca/debats/votre-opinion/201201/25/01-4489407-le-nationalisme-mou-de-la-caq.php


[8] Marco Bélair Cirino, Le Québec devra signer la Constitution la tête haute, dit Legault, Le Devoir, 2 novembre 2014. http://www.ledevoir.com/politique/quebec/422758/congres-de-la-caq-le-nationalisme-d-affirmation-pour-se-glisser-entre-le-plq-et-le-pq

[9] Mathieu Bock-Côté, SOS PQ, Le Journal de Montréal, 19 janvier 2012. http://www.journaldemontreal.com/2012/01/18/sos-pq

[10] Simon Boivin, Une nouvelle mouture de la Charte début 2015, Le Soleil, 15 décembre 2014. http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/politique/201412/15/01-4828459-une-nouvelle-mouture-de-la-charte-debut-2015.php

[11] Mathieu Bock-Côté, La CAQ, une nouvelle Union nationale ?, Le Journal de Montréal, 11 avril 2014. http://www.journaldemontreal.com/2014/04/11/la-caq--une-nouvelle-union-nationale

[12] Simon Boivin, Sondage CROP-Le Soleil-La Presse: PKP, favori des souverainistes, Le Soleil, 26 octobre 2014. http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/politique/201410/26/01-4812695-sondage-crop-le-soleil-la-presse-pkp-favori-des-souverainistes.php

[13] Guillaume Bourgault-Côté, PKP parlera souveraineté, Le Devoir, 28 novembre 2014. http://www.ledevoir.com/politique/quebec/425277/peladeau-parlera-souverainete

[14] Simon-Pierre Savard-Tremblay, Le souverainisme de province, Boréal, 2014, p.139-140

[15] Ibid., p.220-221


[17] Manifeste de Génération nationale, http://generation-nationale.org/2013/01/le-manifeste/

[18] Collectif d’auteurs, Identité – La Charte des valeurs, étape cruciale de notre réaffirmation culturelle, Le Devoir, 5 septembre 2013. http://www.ledevoir.com/politique/quebec/386636/la-charte-des-valeurs-etape-cruciale-de-notre-reaffirmation-culturelle

[19] Simon-Pierre Savard-Tremblay, Redéfinir l’indépendantisme, Vigile, 27 avril 2012. http://www.vigile.net/Redefinir-l-independantisme

[20] Enquête sur le boucharisme, 17 juin 2013. http://ekopolitica.blogspot.ca/2013/06/enquete-sur-le-bouchardisme.html

[21] Antonio Gramsci, Cahiers de prison, livre 13, §27

[22] Antoine Robitaille, L’entrevue – Le « nous » c’est lui, Le Devoir, 23 septembre 2007. http://www.ledevoir.com/politique/quebec/158085/l-entrevue-le-nous-c-est-lui

[23] Ibid.

[24] Rhéal Séguin, Les Perraux, Sovereignty losing around in Quebec, The Globe and Mail, 16 décembre 2011. http://www.theglobeandmail.com/news/politics/sovereignty-losing-ground-in-quebec/article534309/

[25] Pierre Dubuc, C’est la rentrée politique, et quelle rentrée ! L’Aut’ Journal, 29 août 2014. http://lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=5464

[26] Kathleen Lévesque, Sondage Léger Marketing - Les Québécois veulent Bouchard, Le Devoir, 6 mai 2006. http://www.ledevoir.com/politique/quebec/108582/sondage-leger-marketing-les-quebecois-veulent-bouchard

[27] Isabelle Richer, Le club 357c populaire chez les politiciens, Radio-Canada, 28 novembre 2012. http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/politique/2012/11/28/004-club-prive-politiciens.shtml


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