lundi 4 mars 2013

Où s’en va Option nationale ?


Réponse d’un indépendantiste aux nationalistes

Lors du dernier congrès du 2 et 3 mars 2013, Option nationale a pris plusieurs décisions importantes quant à son avenir et celui du mouvement souverainiste. Les propositions adoptées ou rejetées par le congrès permettent d’éclairer son projet de société et les valeurs qui le sous-tendent. Évidemment, cela n’est pas sans impact sur les autres organisations du paysage politique québécois, dans un contexte où les alliances et rivalités changent parfois au gré de certaines déclarations controversées.

Option nationale n’échappe pas à cette situation, d’autant plus que son principal allié objectif, Québec solidaire, est très sensible à certaines affirmations relatives à ses valeurs, comme la justice sociale, l’écologisme, le féminisme, l’altermondialisme, etc. Malheureusement pour la gauche indépendantiste (QS), la tendance empruntée par le dernier congrès d’ON laisse entrevoir une démarcation nette entre la culture politique de chaque parti.

Pour expliquer cette divergence, nous ferons appel à une suggestion de Ludvic Moquin-Beaudry, qui décelait l’idéologie gaulliste dans les plus récentes positions d’Option nationale. Nous tisserons donc un parallèle à partir d’une typologie qui définit les dix critères de cette doctrine politique, en les comparant aux propositions du congrès d’ON et aux valeurs, implicites ou explicites, de ce parti. D’après Wikipédia, le gaullisme traditionnel prône :

1) L'indépendance de la France, par le refus de sa « vassalisation » à des organismes supranationaux (ONU, Communauté européenne, OTAN), à des superpuissances (États-Unis) ou aux puissances économiques et financières. Cette indépendance est défendue dans les domaines politiques, économiques, culturels, diplomatiques et militaires.

Il va sans dire qu’Option nationale défend la souveraineté du Québec, celle-ci étant définie par l’autorité suprême de l’Assemblée nationale en matière de lois, impôts et traités internationaux. Par ailleurs, les membres d’Option nationale « ont voté une résolution pour la création d'une armée québécoise qui aurait le mandat de protéger l'intégrité territoriale du Québec ».
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2013/03/03/002-option-nationale-jean-martin-aussant-vote-confiance.shtml

2) Par extension, le respect à travers le monde des nations, entités culturelles façonnées par l'histoire et rempart des peuples contre les impérialismes (voir les discours sur le Québec libre, sur la guerre du Viêtnam (discours de Phnom Penh), etc.).

Bien qu’Option nationale ne fasse aucune mention de solidarité avec les luttes de libération nationale ailleurs dans le monde, un amendement au point 1.4. de la plateforme a été adopté afin de reconnaître les minorités historiques à l’intérieur du Québec. « Cette Constitution définira les institutions du Québec et établira la reconnaissance de valeurs fondamentales comme l’égalité homme-femmes, le respect des premières nations et de la minorité historique anglophone, la justice sociale, le bien-être des aînés, la protection de la langue française, la laïcité des institutions et le respect rigoureux de l’environnement et des principes du développement durable.

3) Un pouvoir exécutif fort et stable qui donne au président de la République un rôle primordial.

Étrangement, les membres d’Option nationale ont rejeté l’idée de République lors du congrès, probablement à cause d’un manque de connaissance, ou afin de ne pas décider à l’avance la forme des institutions politiques d’un Québec souverain. Par contre, il est possible de prendre cette caractéristique « centralisatrice » du gaullisme pour analyser le fonctionnement interne du parti, où le chef et le Conseil national prennent une place prépondérante.

4) Un lien direct entre le chef et le peuple passant au-dessus des corps intermédiaires (élection du chef de l'État au suffrage universel direct, recours fréquent au référendum).

Voici le point 6 du programme : « La perte de confiance du public à l’égard de l’État et de ses institutions doit être impérativement corrigée. Il en va des fondements mêmes de notre démocratie. La population doit se sentir bien représentée par ses élus et doit pouvoir compter sur un système qui minimise la partisanerie et place l’intérêt national au centre de l’action gouvernementale. La présence de groupes d’intérêts particuliers auprès du gouvernement doit aussi être strictement encadrée afin de ne pas ouvrir la porte à d’autres motivations que celle de bien gérer le domaine public […] Option nationale fera en sorte que la population puisse en tout temps imposer à une commission parlementaire un mandat d’initiative populaire si celui-ci recueille par le biais d’une pétition l’appui de 5 % des électeurs inscrits ».

5) Le rejet du gouvernement des juges. De Gaulle disait : « En France, la [seule] Cour suprême, c'est le peuple ». À l'origine le rôle du Conseil Constitutionnel se limitait à éviter une déviation du régime parlementaire en régime d'assemblée, mais pas d'imposer sa vision des droits fondamentaux aux organes élus du peuple.

Ce point ne s’applique pas vraiment à la situation d’Option nationale.

6) Le rassemblement de tous les Français, au-delà du clivage gauche / droite, source de division et donc de déclin, via le lien direct du chef et du peuple et la politique sociale.

Ce point est essentiel au discours d’Option nationale, qui martèle que la souveraineté ne doit être ni à gauche, ni à droite. Aussant a récemment affirmé ceci : « Je souhaite aussi la bienvenue aux souverainistes de droite, qui ont leur place à Option nationale. Quand on veut travailler pour que le Québec devienne un pays, c'est ici qu'on doit s'impliquer», a-t-il répondu.

7) Le refus du libéralisme économique classique au profit d'une économie orientée par l'État en vue d'un développement volontariste (la planification, l'aménagement du territoire, les grands projets publics, le keynésianisme. etc.).

Si on regarde le point 2 de la plateforme, nous pouvons constater plusieurs points concernant la nationalisation des ressources naturelles, la création d’une Banque du Québec, la révision du mandat de la Caisse de dépôt et placement, l’électrification des transports et un plan d’indépendance énergétique. L’État joue alors un rôle central en termes de développement, dans un esprit keynésien et « social-démocrate ».

8) Le double refus du capitalisme (exploitation d'une classe par l'autre) et des socialismes révolutionnaires (lutte des classes) au profit d'une « troisième voie » sociale. Au-delà d'une protection sociale avancée, la participation (aux bénéfices, aux décisions, à la propriété de l'entreprise), aussi appelée l'association capital-travail, doit réconcilier les Français entre eux et aboutir à la fois à la justice et à l'efficacité.

« Questionné à savoir comment sa formation politique voulait se distinguer de Québec solidaire, M. Aussant a dit que l'attitude du parti envers le capitalisme était différente : Mon opinion, c'est le capitalisme bien encadré par un système légal et réglementaire est le meilleur système ». À ce titre, Option nationale ne refuse pas uniquement l’étiquette de la gauche ; lors de son congrès, la proposition de faire de la lutte à la pauvreté une priorité nationale a été rejetée ! Bien que des arguments portant sur le caractère flou de la proposition ont été abordés, il s’agissait notamment de se démarquer de QS, selon les dires de certains membres. Le slogan « ni droite, ni gauche, mais en avant » prend ici tout son sens.

9) Sur la méthode : le pragmatisme et le refus des carcans idéologiques en vue d'atteindre les objectifs fixés : indépendance et rayonnement de la France dans le monde, unité intérieure de la France au service du projet patriotique.

« Option nationale ne croit pas diviser le vote souverainiste au Québec, mais prétend incarner le seul et unique vote en faveur de la souveraineté. Selon le chef du parti, voter pour le Parti québécois ou pour Québec solidaire n'est pas une garantie qu'un référendum sur la souveraineté sera organisé lors d'un premier mandat. […] Il faut un changement d'habitude. Un jour, les gens vont se dire qu'un vote souverainiste, c'est un vote pour Option nationale. Dans les plateformes des autres partis, il n'y a rien de concret, a dit M. Aussant. »

En plus de la fausseté de ces affirmations (QS s’engage à tenir une Assemblée constituante débouchant sur un référendum dès son premier mandat, tandis que le PQ propose une voie étapiste concrète, la gouvernance souverainiste), Option nationale se targue d’être le seul représentant de la souveraineté au Québec, en prétendant mettre « la cause avant la partisanerie ».

Malheureusement, Aussant se présentera à Montréal lors des prochaines élections, et « la circonscription de Hochelaga-Maisonneuve pourrait bien être dans sa ligne de mire. » Bien que son choix ne soit pas encore arrêté, cela pourrait causer de graves contentieux avec QS, car il s’agit de la circonscription d’Alexandre Leduc, qui a de bonnes chances de devenir le prochain porte-parole masculin du parti. Dans cette éventualité, même un pacte de non-agression serait de facto exclu. Présenter le chef d’un parti nationaliste de centre-gauche dans la même circonscription d’un porte-parole d’un parti de gauche indépendantiste est-il travailler pour la cause avant la partisanerie ?

10) Un certain conservatisme sociétal : de Gaulle était contre l'avortement (mais c'est sous sa présidence que la pilule contraceptive fut autorisée par la Loi Neuwirth , et pour la peine de mort ( mais il grâciera toutes les femmes condamnées à mort ).

Heureusement, Option nationale ne semble pas encore souffrir de conservatisme social dans son programme. Néanmoins, le groupe Génération nationale, rassemblant des membres du Bloc québécois, du PQ et d’ON tentent de dissocier le projet souverainiste de la gauche pluraliste au profit d’un nationalisme identitaire, anti-islamiste et anti-progressiste. Quand on voit Aussant inviter Mathieu Bock-Côté, Joseph Facal et les opposants à la gratuité scolaire au sein de son parti, on voit que le nationalisme prend le dessus sur toute considération sociale et progressiste.

Le nationalisme n’est pas l’indépendantisme

D'après cette typologie, le gaullisme semble être une sous-catégorie du nationalisme, à la fois mi-conservateur (sur la question identitaire) et mi-progressiste (sur la question du libéralisme économique). Celui-ci tient davantage du nationalisme identitaire, par opposition à Québec solidaire qui tire plus du côté du nationalisme civique et pluraliste. Il s'agit donc d'une forme de nationalisme classique au goût du jour (ni gauche ni droite), par opposition à Québec solidaire qui défend un nationalisme de gauche, qu'on peut qualifier d'indépendantisme au sens de Ferretti et Miron :

« Le nationalisme traditionnel limite ses luttes à la sauvegarde de la langue et des autres spécificités de la culture nationale, alors que l’indépendantisme vise l’émancipation politique, économique, sociale, autant que culturelle, de la nation en la dotant d’un État libre et indépendant. » Andrée Ferretti, Les grands textes indépendantistes, tome II (1992-2003), Typo, Montréal, 2004

Évidemment, Option nationale met de l’avant le nationalisme économique à la manière du PQ, mais en omettant de prioriser les enjeux de pauvreté et de justice sociale. Il est nulle part mention d’émancipation ou de lutte de libération nationale. L’armée, la langue et la préservation de la culture nationale semblent beaucoup plus importantes que les inégalités sociales grandissantes qui frappent de plein fouet les porteurs de cette langue. Comme le disait Michel Chartrand : « les nationalistes pardonneront les pires turpitudes au PQ. Ils sont prêts à oublier qu’il existe une différence énorme entre le nationalisme et une véritable libération nationale. Raison pour laquelle j’ai toujours été contre ces "nationaleux" qui voulaient sauver la langue et laisser crever ceux qui la parlent. »

Qu’est-ce que le salaire minimum ?

Enfin, la fameuse bourde de Jean-Martin Aussant à propos de son nouveau salaire versé à même les coffres de son parti représente la goutte qui fait déborder le vase : « 86 000$, pour les heures que je mets, c’est presque le salaire minimum. » Comme le souligne Sylvain Bérubé sur une image qu’il a fait circuler sur Facebook : « Pour faire un peu de maths: quelqu'un doit travailler 85 h/semaine (12 h/jour incluant les fins de semaine) pendant 50 semaines à 20 $/h pour faire 85000 $/année. Et 20$/h, c'est le double du salaire minimum. Just saying. »

Certains font des déclarations en apparence anodines, mais qui s'accumulent, de manière à faire ressortir, comme des actes manqués, les vraies priorités des acteurs en question. Non seulement cette blague témoigne d’une incompréhension des conditions de ceux et celles qui vivent au salaire minimum, mais montre qu’il ne s’agit pas d’un enjeu important pour le parti. Le fait que les membres d’ON votent à 97% pour ce salaire n’est pas un problème démocratique en soi, mais montre d’une certaine manière la place du « pouvoir charismatique » aux yeux des militant(e)s qui choisissent de donner un montant « symbolique » à leur chef.

Une question démocratique ?

Cette décision irrite certainement les rangs solidaires, qui se sont jadis fait reprocher par certains membres d’Option nationale de verser un salaire à Françoise David (42 000$) alors qu’elle était présidente de QS sans être élue. Bien qu’il n’y ait pas de problème à rémunérer ses porte-paroles pour leur travail, la valeur du montant est tout de même représentative des valeurs du parti, à savoir s’il est égalitariste ou non. Faut-il payer le/la porte-parole au prix d’un salaire industriel moyen, égal aux autres salarié(e)s du parti, ou prendre 2/3 de la masse salariale totale comme dans le cas d’ON ? Pour ceux et celles qui rétorqueraient qu’il y avait un consensus à rémunérer Aussant sans qu’il soit possible d’amener des amendements sur son salaire, il est possible de répondre que l’absence d’amendements en congrès n’est pas un signe de grande qualité délibérative.

À ce sujet, une sortie de Sébastien Croteau a mis en lumière les lacunes démocratiques lors du congrès : « Depuis hier, nous avons été témoins d'un nombre important de manquements quant aux règlements et aux statuts qui régissent notre parti et qui régissent habituellement les assemblées délibérantes. […] Que ce soit dans les délais de réception de l'avis de convocation du congrès, dans les délais concernant la réception des documents afférents au congrès ou que ce soit dans l'application même du Code Morin, les manquements sont trop nombreux pour que nous les passions sous silence. Aussi, nous avons omis de voter l'ordre du jour du congrès, voter la présidence et, par sagesse, un rapport détaillé ainsi qu'une présentation des actes et des décisions du Conseil national aurait dû être inclus dans l'ordre du jour. […] Et comment pouvons-nous croire que de recevoir les 72 pages d'amendements, deux jours avant le congrès, peut nous mener vers une discussion riche et féconde qui nous permettra de prendre des décisions éclairées et réfléchies? […] En faisant ce triste constat, nous nous devons de faire un sérieux examen de conscience quant aux répercussions réelles et symboliques que pourraient causer de tels manquements. Nous ne pouvons continuer à avancer en niant la situation. Nous ne pouvons non plus se servir de la jeunesse de notre parti comme une excuse. Si nous voulons jouer dans la cour des grands, nous avons le devoir d'en imiter certains comportements. »

Bilan critique

Le dernier congrès d'Option nationale démontre la hiérarchisation des priorités du parti. Comme le souligne Jean-Nicolas Denis dans un commentaire, « ON est pour la création d'une armée du Québec, refuse d'affirmer vouloir faire du Québec une république et ne veut pas pousser pour que ça apparaisse dans la constitution, puis se contre-fiche de la lutte à la pauvreté. Ça n'aurait pas été plus logique de voter complètement l'inverse? Ce que j'aurais adopté à leur place : 1) Que dans le contexte actuel (coupe et destruction du filet social tant par le fédéral que par le provincial) on considère la lutte à la pauvreté comme une priorité politique (surtout considérant que ça touche énormément les jeunes et les étudiant-es que ce parti essayait de convaincre pendant le Printemps érable...), 2) on met de l'avant le plus possible les idées et valeurs républicaines (ie : le pouvoir dans les mains des citoyen-nes!), 3) on laisse l'Assemblée constituante débattre de la pertinence d'avoir une armée du Québec! »

Il est de plus en plus clair qu’Option nationale représente une sorte de PQ 2.0., accessible aux jeunes souverainistes, mais ignorant les erreurs historiques du Parti québécois qu’il reproduit inconsciemment. La doctrine « ni gauche ni droite » représente un leurre, d’autant plus qu’une plateforme de centre-gauche n’attirera pas des électeurs à droite de l’échiquier politique. Bien que la gauche « fasse peur » à l’électeur moyen, faut-il pour autant s’adapter aux sondages du moment ou plutôt essayer de persuader le public de la justesse de nos revendications ? Avons-nous besoin plus de sécurité, une image rassurante, ou un peu plus de liberté, comme le disait si bien Pierre Bourgault ?

Option nationale embrasse la liberté pour la question nationale, mais endosse la sécurité pour la question sociale, c’est-à-dire le problème de l’exploitation et de la domination économique. Pourquoi cette séparation étanche entre l’indépendance et la justice sociale ? Pourquoi ne pas être cohérent et miser sur la sécurité économique et politique comme le PQ (néolibéralisme, gouvernance souverainiste), ou encore l’émancipation économique et politique comme QS (socialisme et indépendance) ? Pourquoi l’indépendance et la démocratie devraient-elles se limiter à la sphère étatique, au lieu de s’étendre à la société entière? Jaurès ne disait-il pas que la grande Révolution a rendu les Français rois dans la cité et les a laissés serfs dans l’entreprise ? Parfois, les nationalistes semblent limiter le discours "Sécurité, solidarité et respectabilité" de Bourgault à la question nationale et la critique du PQ, alors qu'il s'étend également à la justice sociale! 



L’avenir de l’indépendance

À ceux et celles qui veulent l’indépendance, la République et la justice sociale, ces propositions sont déjà réunies au sein de Québec solidaire : « Québec solidaire défend un ensemble de grands principes républicains permettant l'expression de la souveraineté populaire. Il les mettra de l'avant lors de la rédaction de la constitution du Québec. Ces principes constitutionnels aborderont tant les chartes des droits sociaux et individuels que les modalités d'organisation des institutions politiques, le type de laïcité que nous voulons, la démocratie citoyenne et participative, le modèle d'intégration privilégié, l'importance des biens publics et la décentralisation des pouvoirs. La République que nous défendons sera le dépositaire de l'intérêt général et reposera sur une démocratie qui rejette toute forme de concentration du pouvoir vidant de sa substance la souveraineté populaire. »

Concernant la confusion entourant l’Assemblée constituante, à savoir si elle débouchera sur une ou plusieurs propositions, sur une ou deux questions lors du référendum, il est important de distinguer la position officielle du parti du discours des porte-paroles qui l’ont porté avec ambiguïté. Dans le procès-verbal du congrès de 2009, la proposition est formulée comme suit : « En fonction des résultats de sa démarche, qui devront être connus de la population et dont l’Assemblée constituante aura l’obligation de tenir compte, cette dernière élaborera un projet de constitution. Le projet de constitution qui contiendra une proposition sur le statut politique du Québec sera soumis à la population québécoise par voie de référendum, ce qui marquera la fin du processus.»

Pour échapper à l’argument selon lequel l’Assemblée constituante pourrait accoucher sur une constitution compatible avec le cadre fédéraliste canadien (que QS rejette dans son programme par ailleurs), il suffirait d’apporter la proposition suivante lors du prochain congrès du parti : « l’Assemblée constituante aura pour mandat de rédiger la constitution d’un Québec souverain ». Ainsi, il n’y aurait plus aucune manière dont Aussant pourrait continuer à affirmer que Québec solidaire n’est pas « vraiment » indépendantiste, tout en prétendant rester ouvert à fusionner avec n’importe quel parti aussi clair que lui sur la souveraineté.
 
Option nationale devra alors faire un choix : ou bien continuer à miser sur le nationalisme (ni gauche ni droite) et rejoindre le Parti québécois lorsqu’il promettra de tenir un référendum lors de la prochaine élection s’il est élu majoritaire, ou bien opter pour la liberté et la solidarité auprès de Québec solidaire, en refusant la « respectabilité » qui a paralysé le mouvement indépendantiste depuis trop d’années. Voulons-nous nous contenter d'un Québec souverain, mais capitaliste et militariste comme le Canada, ou instaurer une République sociale et écologique, au service du peuple ?

« Je suis obligé de terminer très rapidement en vous disant que nous devons refuser de tenter de nous faire une image de respectabilité qui soit l’image traditionnelle des notables, des possédants, des riches et des bourgeois. » - Pierre Bourgault

jeudi 21 février 2013

Québec solidaire et l’oubli de la ville


La gauche et la ville


Commençons par un double constat : la politique municipale a oublié la justice sociale, et la gauche a négligé la ville. D’une part, le monde municipal semble souffrir d’un apolitisme aigu, s’exprimant par le « dénigrement des partis politiques municipaux par les candidats », et le « refus de faire campagne au profit de stratégies politiques axées sur des personnalités fortes » : équipe Tremblay, équipe Labeaume, équipe Vaillancourt, etc. (Bherer et Breux, 2009).

La question sociale est évacuée au profit d’un discours sur la bonne gouvernance, l’efficacité, la transparence, l’éthique, et toute la rhétorique administrative dominante. La solution à la corruption semble être de dépolitiser les enjeux locaux, de « départisaniser » la scène électorale, en concevant les villes comme des petites entreprises qui doivent simplement être bien gérées. Malgré le fait que la majorité de la population soit « pour » la démocratie, plusieurs souhaitent éviter les débats de fond, les conflits, la délibération et la contestation, bref tout ce qui fait la moelle d’une politique authentique et vivante.

D’autre part, la gauche qui lutte contre la domination du marché semble s’accrocher au principal levier de contrainte sociale légitime (l’État), en oubliant les municipalités, simples « créatures » du gouvernement provincial aux yeux de la loi. La difficile réunification des forces progressistes québécoises exige énormément de ressources, en espérant qu’un jour puisse advenir l’ultime conquête de l’Assemblée nationale. En attendant, les villes sont boudées ou simplement ignorées par les militant(e)s écologistes, féministes, altermondialistes ou indépendantistes, la scène nationale préservant son hégémonie sur la réflexion et la lutte politique québécoise.

Du précariat au droit à la ville


Or, la question urbaine devient un aspect incontournable de notre époque, que ce soit sur le plan de la globalisation économique, la montée des inégalités sociales, la crise de la démocratie représentative, la crise écologique, etc. Henri Lefebvre, Manuel Castells et David Harvey (notables géographes marxistes) ont été les premiers à critiquer l’attention exclusive de la vieille gauche sur le travail industriel (l’usine, le prolétariat) et le processus de production, au détriment du domaine de la reproduction sociale (milieu de vie), qui est devenu un terrain de lutte important pour les femmes, chômeurs, jeunes,  immigrants et précaires. Ceux-ci peuvent être réunis sous le vocable « précariat », qui joue un rôle central dans le processus d’urbanisation et tend à remplacer une classe ouvrière marginalisée par l’économie postfordiste du capitalisme avancé.

Bien que cette classe opprimée soit fragmentée et davantage portée vers la révolte (émeutes urbaines, mouvement étudiant) que vers une organisation unitaire révolutionnaire, il n’en reste pas moins que les victimes de « l’accumulation par dépossession » sont nombreuses, et que l’exploitation au sein de la vie quotidienne, la privatisation de l’espace public, la dérive sécuritaire et la spéculation immobilière permettent de réunir un ensemble d’enjeux apparemment disparates. Le « droit à la ville » de Lefebvre doit redevenir une préoccupation centrale des mouvements sociaux et organisations militantes, sans pour autant se limiter à la métropole montréalaise.

La justice environnementale au Québec

En effet, bien que la réalité urbaine soit devenue un lieu central des contradictions entre valeur d’échange et valeur d’usage, un point de conflit majeur entre le capitalisme financiarisé et la réappropriation des milieux de vie par les habitant(e)s, le droit à la ville peut être compris plus largement comme un droit d’habiter l’espace. Ceci fait écho au mouvement pour la justice environnementale, qui s’attarde à la répartition inéquitable des risques liés à certaines formes de développement. Au Québec, il s’agit probablement de la plus vaste et complexe lutte sociale des dernières décennies, qui s’attaque à de nombreuses perturbations socio-écologiques : mines à ciel ouvert en milieu urbain (Malartic), barrages hydroélectriques (La Romaine, Val-Jalbert), gaz de schiste (vallée du St-Laurent), pétrole (Anticosti, Gaspésie), etc.

Des expressions comme « écologie de la libération », « livelihood ecology » et « environnementalisme des pauvres » (Martinez-Alier, 2002), font toutes référence à un large mouvement centré sur la défense des intérêts matériels des humains qui dépendent de leur environnement comme moyen d’existence. Les communautés de base s’opposent à la dépossession de leur milieu de vie et à la détérioration culturelle causée par l’industrie extractiviste, rappelant à certains titres « l’environnementalisme urbain » du XIXe siècle (Taylor, 2009).

« Ce milieu était bouleversé, technicisé, bétonné, colonisé pour correspondre aux exigences de la mégamachine industrielle. Celle-ci aliénait aux habitants le peu qu’il leur restait du milieu naturel, les agressait par des nuisances et, plus fondamentalement, confisquait le domaine public au profit d’appareils techniques qui symbolisaient la violation par le Capital et par l’État du droit des individus à déterminer eux-mêmes leur façon de vivre ensemble, de produire et de consommer. » (Gorz, 2008)

L’étatisme de la gauche

Qu’il s’agisse des milieux urbains ou ruraux, la « spatialisation » ou la « territorialisation » des conflits sociaux, économiques, politiques et écologiques n’est pas réellement prise en compte par la gauche québécoise. Si l’écologie populaire se retrouve au sein des mouvements citoyens, organisations sans but lucratifs, milieu communautaire et autres acteurs progressistes de la société civile, elle ne se traduit politiquement qu’à travers le programme du principal parti de gauche, Québec solidaire. Malheureusement, celui-ci demeure largement « étatiste », car il ne semble pas encore avoir pris au sérieux la question urbaine et le palier municipal.

Paradoxalement, bien que la principale base militante et électorale de Québec solidaire se trouve en sol montréalais, aucun point du programme ou de la plateforme du parti ne fait explicitement référence à la métropole. Contrairement au Parti québécois qui veut renforcer le rôle économique de Montréal (point 4.8. de son programme) et à la Coalition pour l’avenir du Québec qui souhaite réformer la gouvernance métropolitaine et décentraliser les pouvoirs aux municipalités (engagement 12 à 14 de la plateforme), QS fait référence ici et là à certains points comme les transports collectifs et la spéculation immobilière, la démocratisation municipale et la consultation des villes en matière d’exploitation des ressources naturelles, sans véritable perspective d’intégration.

Une nouvelle Commission thématique

Cet oubli vient probablement du fait qu’il n’y a actuellement aucune des quatorze Commissions thématiques qui aborde ces questions de façon systématique au sein du parti. Les Commissions « agroalimentaire et ruralité » ou « vie démocratique et régionale » préconisent une décentralisation « régionaliste » basée sur un critère flou de subsidiarité, sans tenir compte des enjeux de la réalité urbaine et du phénomène de métropolisation, ni de la centralité du palier municipal comme acteur économique, politique, social et culturel. C’est pourquoi il serait urgent de créer une Commission thématique « Villes et municipalités », qui aurait pour tâche d’examiner les enjeux de gouvernance métropolitaine et d’étalement urbain, de logement social et d’agriculture urbaine, de réforme fiscale et d’urbanisme écologique, de transports collectifs et d’aménagement du territoire, bref une panoplie de politiques se rattachant habituellement au Ministère des affaires municipales.

La loi 170 relative à la réorganisation administrative du monde municipal, les ressources et responsabilités des municipalités, la réalité métropolitaine, la loi sur l’aménagement durable du territoire et l’urbanisme, les finances, indicateurs de gestion et fiscalité des villes, l’évaluation foncière et la question des contrats publics ne sont pas de simples problèmes techniques, mais des enjeux politiques dont la gauche québécoise doit se préoccuper au plus haut point. Bien que l’État ait un rôle non-négligeable à jouer, que ce soit en matière de protection de l’environnement ou de redistribution de richesses, il ne doit pas rester l’alpha et l’oméga de l’économie politique. À vrai dire, la gauche, l’écologisme, le féminisme, l’altermondialisme et même l’indépendantisme gagneraient tous à prendre la perspective municipaliste pour réinterpréter les enjeux de notre siècle.

Les élections municipales de 2013

« Le 3 novembre 2013, plus de 1 100 municipalités du Québec seront en élection générale afin de combler quelques 8 000 postes de maires et de conseillers municipaux. Les électeurs seront appelés à se rendre aux urnes afin d’élire leur prochain conseil municipal. De plus, les électeurs de 14 MRC pourront élire leur préfet au suffrage direct. » http://www.electionsmunicipales.gouv.qc.ca/

La conjoncture municipale est exceptionnelle. Celle-ci ne se limite pas aux multiples scandales de corruption qui ont entraîné le départ des maires de Montréal et Laval, ou aux multiples éclaboussures qui ont fragilisé l’ensemble de la classe politique municipale et provinciale québécoise. Contre un cynisme latent et un taux relativement bas de participation électorale, un renouveau démocratique est en train d’éclore partout au Québec : mouvement des indignés à Montréal, Québec et plusieurs autres municipalités, grève étudiante de 2012, manifestations de casseroles, assemblées populaires autonomes de quartier (APAQ), mobilisations citoyennes au niveau municipal contre les gaz de schiste (vallée du St-Laurent) et l’exploitation du pétrole (victoire provisoire de Gaspé contre Pétrolia). Pour le dire autrement, la démocratie grassroots est présentement en ébullition.

Or, comment réduire le fossé entre une démocratie radicale, directe et citoyenne d’une part, et une politique représentative désuète d’autre part? La démocratie participative dans sa forme actuelle (BAPE, conseils de quartier, consultations publiques, concertationnisme, gestion de proximité et gouvernance urbaine) représente-t-elle une solution viable? Constitue-t-elle plutôt un organe de légitimation et d’acceptabilité sociale instrumentalisé par les élu(e)s et les entreprises, car elle ne remet pas en question l’inégale distribution du pouvoir économique et politique? Doit-on rejeter la démocratie représentative en bloc et se concentrer sur des espaces a-partisans de délibération (APAQ), ou doit-on investir le pouvoir municipal en essayant de redonner le pouvoir aux citoyen(ne)s?

Pertinence et dangers des partis politiques municipaux

De manière générale, nous soutenons la pertinence de l’existence et surtout du renouvellement des partis politiques municipaux. Nous reprenons à large titre l’argumentaire de Laurence Bherer et Sandra Breux, et de Maxime Pedneaud-Jobin. Toutefois, nous plaidons pour une radicalisation de la démocratie municipale. Celle-ci ne doit pas se limiter aux vœux de certaines formations « progressistes » comme Action Gatineau, Projet Montréal ou Québec Autrement. Celles-ci ont à cœur la démocratie citoyenne, l’urbanisme durable, le développement économique et la « qualité de vie », mais ne se soucient point d’une question majeure : la justice sociale.

En effet, aucun de ces partis ne prône la solidarité, la « transformation sociale » ou la remise en question de la logique néolibérale. Leur discours reste largement au centre de l’échiquier politique, il embrasse le social-libéralisme et le capitalisme vert qui fait complètement abstraction des inégalités sociales, du féminisme, de l’écologisme, de l’altermondialisme et de l’indépendantisme. Sans un examen critique des impératifs d’accumulation capitaliste, de l’exploitation des ressources naturelles, de la domination de l’État fédéral, des contraintes de la taxe foncière qui donne un pouvoir démesuré aux promoteurs, et de la stricte logique représentative, les municipalités sont vouées à rester de simple courroies de transmission de l’État et de la globalisation néolibérale.

En lisant le passionnant livre Trente ans de politique municipale de Marcel Sévigny (2001), nous pouvons constater les promesses et les échecs de la gauche municipale à travers l’histoire du Rassemblement des citoyens de Montréal (RCM). Pour résumer, le RCM a essentiellement échoué parce qu’il n’a pas su éviter le piège de la centralisation, que ce soit au sein du parti (dominé par la tête dirigeante du maire Jean Doré) ou au sein de la ville (en ne donnant pas de pouvoir aux conseils de quartier). Autrement dit, si une formation social-démocrate comme le RCM est restée prisonnière des contradictions du capitalisme et de la démocratie représentative, on peut aisément deviner qu’un parti qui ne se réclame même pas de la gauche s’enfoncera inévitablement dans la logique néolibérale et la croissance insoutenable.

Un nouveau parti municipal?

La conclusion de cette réflexion est simple : il faut organiser dès maintenant la gauche à l’échelle municipale. Or, comment devrait-on s’y prendre concrètement? Dans un billet précédent qui décrivait l’exemple du parti catalan Candidatura Unitat Popular (CUP), nous lancions l’idée de former un parti-réseau municipaliste à l’échelle nationale, qui serait de gauche, indépendantiste, féministe, écologiste et altermondialiste. Cela permettrait de coordonner une multitude de candidatures dans plusieurs municipalités du Québec (8000 postes sont ouverts!), avec un programme commun (déclaration de principes, grille d’analyse, réformes générales) complété d’un programme spécifique à chaque localité.

Le programme de cet hypothétique parti pourrait s’inspirer librement de QS, la CUP, le socialisme municipal et le municipalisme libertaire, dans une synthèse qu’on pourrait surnommer temporairement le « municipalisme solidaire ». Il ne devrait pas se baser sur une idéologie étroite, mais opter pour une coalition arc-en-ciel qui réunirait des militants de diverses allégeances à gauche de l’échiquier politique (libertaires, socialistes, républicains progressistes, féministes, écologistes, nationalistes de gauche, socio-démocrates) prêts à travailler ensemble dans une perspective de justice sociale et de démocratisation radicale. L’opposition rigide entre réformistes et révolutionnaires n’est pas pertinente à cette échelle, car l’horizon de l’émancipation sociale doit se faire à travers une série de réformes concrètes prenant pour point de départ les assemblées citoyennes, les mouvements sociaux (ouvriers, étudiants, pour la justice environnementale) et la défense des intérêts des classes populaires.

Le rôle de Québec solidaire

Néanmoins, l’organisation d’un tel parti d’ici les prochaines élections de novembre 2013 semble plutôt précipité, compte tenu des ressources disponibles en termes de temps, d’argent, d’énergie et de militant(e)s prêt(e)s à lutter pour la réappropriation collective des municipalités. C’est ici que Québec solidaire entre en jeu ; devrait-il épauler des candidatures de gauche dans différentes municipalités du Québec d’ici les prochaines élections? Devrait-il appuyer des partis politiques progressistes déjà existants ou en voie de naître? Devrait-il mobiliser ses associations locales et présenter ses propres candidat(e)s, à la manière des élections municipales en France où les maires affichent ouvertement leur affiliation politique au PS ou au PCF? Saviez-vous qu’il existe des bastions communistes dans certaines communes françaises, comme la ville d’Aubagne qui a décidé d’implanter la gratuité des transports collectifs en 2008?

Comme Québec solidaire a de la difficulté à percer à l’Assemblée nationale au-delà de quelques député(e)s, il serait tout à fait avantageux de propulser des candidat(e)s au sein de diverses municipalités québécoises, afin de faire rayonner les idées progressistes et de développer dès maintenant une culture populaire de gauche à l’échelle locale. De plus, il serait particulièrement intéressant d’expérimenter une véritable hybridation entre la démocratie directe et représentative, dans laquelle le pouvoir municipal serait géré directement par des structures d’assemblées et l’implication active des quartiers.

Imaginons un scénario semblable aux dernières élections catalanes, qui ont mené 3 députés de la CUP à la Generalitat (Assemblée nationale) : ceux-ci ont également obtenu 106 conseillers municipaux, 4 conseillers de comarques (MRC) et 4 maires! La simultanéité des élections municipales offrirait une grande visibilité à un mouvement politique de gauche qui embrasserait l’ensemble du Québec, tout cela dans une perspective de coordination des luttes locales, d’émancipation sociale, de transition écologique et de libération nationale. Cela permettrait d’étendre l’influence de la gauche à l’extérieur des centres urbains, tout en fournissant un appui majeur au mouvement pour la justice environnementale actif dans différentes régions, brisant ainsi l’idée selon laquelle la gauche serait essentiellement montréalaise.

Quelle forme cette organisation devrait-elle prendre, quelles stratégies faudrait-il mettre de l’avant, quels principes à la fois unificateurs et respectueux de la pluralité permettraient de donner corps à ce projet? Toutes ces questions se bousculeront au sein des nouveaux mouvements sociaux, ceux-ci étant influencés par des facteurs comme les opportunités politiques (élections municipales), les structures de mobilisation (organisations, partis, réseaux), et les cadrages (significations, définitions communes que les acteurs donnent à leur situation). http://www.melissa.ens-cachan.fr/spip.php?article502

Dans tous les cas, la gauche doit sortir de son obsession pour l’État, prendre au sérieux la question urbaine et développer de nouvelles stratégies sur le plan municipal. En revanche, la politique municipale doit sortir de sa torpeur et devenir le lieu par excellence de la citoyenneté, en prenant au sérieux le mot d’ordre de Bookchin : « démocratiser la République, et radicaliser la démocratie »! http://kropot.free.fr/Bookchin-Biehl.htm



Pour en savoir davantage :

L. Bherer et S. Breux (dir.), Les élections municipales au Québec : enjeux et perspectives, Presses de l’Université Laval, Québec 2009
M. Castells, The city and the grassroots : a cross-cultural study of urban social movements, E. Arnold, London, 1983
A. Gorz, Écologica, Galilée, Paris, 2002
D. Harvey, Le capitalisme contre le droit à la ville. Néolibéralisme, urbanisation, résistances, Amsterdam, Paris, 2011
Henri Lefebvre, Le droit à la ville, 3e édition, Anthropos, Paris, 2009
J. Martinez-Alier, The environmentalism of the poor : a study of ecological conflicts and values, Edward Elger, Northampton, 2002
M. Purcell, Le droit à la ville et les mouvements urbains contemporains, Rue Descartes, vol.1 no.63, 2009, pp.40-50
M. Sévigny, Trente ans de politique municipale. Plaidoyer pour une citoyenneté active, Écosociété, Montréal, 2001
D.E. Taylor, The environment and the people in american cities, 1600s-1900s, Duke University Press, London, 2009

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