De la Révolution citoyenne : une reformulation du projet politique


Retour critique sur la révolution solidaire

La formulation d’un projet politique n’est pas chose aisée, car son caractère général peut amener différents contresens, oublis et confusions qui ne tardent pas à être soulignés par un examen attentif. Cet article poursuit deux objectifs. Le premier consiste à rectifier le sens général, l’articulation des axes stratégiques et la terminologie qui ont obscurci les idées principales des textes entourant ce qui a été nommé provisoirement la « révolution solidaire ». Le deuxième objectif consiste à mettre en évidence la conception de la justice sociale, de la liberté politique, de la transformation sociale et de la forme institutionnelle d’une société postcapitaliste appropriée au contexte québécois, afin d’esquisser les contours d’un « socialisme d’ici » pour rependre l’expression de Fernand Dumont.

Tout d’abord, l’utilisation de l’adjectif « solidaire » pour qualifier la forme globale de la révolution ici proposée amène deux difficultés. La première renvoie au flou entourant la signification du concept de solidarité ; s’agit-il d’un sentiment d’entraide, de justice sociale, de coopération, d’interdépendance, ou un peut tout cela à la fois ? Si tel est le cas, en quoi la solidarité permet-elle de spécifier la forme concrète de la révolution envisagée ? Bien que le terme « révolution » soit repris à toutes les sauces par la mode, le marketing et même les politiciens de droite (la fameuse « révolution culturelle » de Raymond Bachand), ce concept devient aussitôt suspect lorsqu’il est énoncé directement par la gauche. La révolution est alors immédiatement insérée dans une chaîne d’équivalences qui l’associe soit à l’utopie, le romantisme de la jeunesse et les « pelleteurs de nuages », ou encore aux ruptures politiques violentes, aux régimes totalitaires, Mao Tsé-Toung, Goulags et compagnie. Dans un cas comme dans l’autre, la révolution de la gauche semble disqualifiée a priori, le champ du pensable et du faisable se réduisant à l’opposition entre la rigueur budgétaire (néolibéralisme, austérité) et la préservation du modèle québécois (État-providence libéral ou social-démocrate). L’impossibilité d’évoquer une alternative globale et viable amène ce curieux paradoxe : la doctrine austéritaire devient la garante de la responsabilité politique et du changement social, alors que l’opposition citoyenne se limite à la simple préservation des acquis d’un modèle en crise et au maintien du statu quo.

Pour dépasser cette posture défensive, la gauche a besoin de surmonter sa peur des mots et de déconstruire certains tabous. Pourquoi tout le monde sauf la gauche aurait le droit de s’approprier le mot « révolution » en le vidant de sa substance, alors qu’elle pourrait lui donner une forme claire, inspirante et émancipatrice ? Il est donc nécessaire de « dédiaboliser » cette expression en l’associant au sujet politique qui pourra s’y identifier. Or, l’expression « révolution solidaire » pose une deuxième difficulté ; l’acteur principal de la révolution semble toujours être le parti, en l’occurrence Québec solidaire, alors que l’objectif ultime de cette transformation sociale consiste à redonner le pouvoir aux gens sur leur vie personnelle et collective. À l’heure de la crise de légitimité de la démocratie représentative et de la perte de confiance généralisée vis-à-vis le « système des partis », il semble peu judicieux, tant sur le plan normatif que stratégique, de centrer le projet politique sur un seul acteur dont le rôle consiste à « représenter » le peuple dans les urnes. Comme disant Marx à propos de la classe ouvrière, l’émancipation du peuple doit être l’œuvre du peuple lui-même.

Cela n’implique pas de rejeter dogmatiquement toute action électorale, mais de recentrer celle-ci sur le socle qui servira à fonder un nouvel ordre social : le pouvoir citoyen. Ce n’est pas le peuple qui doit être subordonné à la classe politique, mais le pouvoir citoyen qui doit être au cœur des grands domaines de la vie sociale : répartition de la richesse, système politique, développement économique et débat constitutionnel. C’est pourquoi l’expression de « révolution citoyenne » est plus appropriée que la « révolution solidaire », tant pour clarifier l’objectif ultime du projet que pour repousser immédiatement les critiques de l’adversaire. Il ne peut s’agir d’un renversement violent de l’ordre social, car l’adjectif « citoyenne » vient adoucir la notion de révolution en ouvrant un nouveau champ de significations. Il ne s’agit pas non plus d’un simple gradualisme réformiste, car une série de « réformes radicales » viendront transformer durablement la forme économique, sociale, politique et culturelle de la société québécoise, à la manière de la Révolution tranquille.

Mais contrairement à cette dernière, la révolution citoyenne ne sera pas le fruit d’une simple équipe de politiciens professionnels et de hauts fonctionnaires modernisant l’appareil d’État (mouvement top-down), mais l’expression d’un « mouvement ascendant de contre-hégémonie populaire » permettant d’instaurer une véritable « rupture démocratique », pour reprendre l’expression de Pierre Mouterde1. Il s’agit de penser à la fois la révolution politico-institutionnelle et le pouvoir citoyen, la rupture et la démocratie, ces deux pôles en tension permettant d’activer l’imaginaire et d’ouvrir de nouvelles pistes d’action. Ainsi, le mot « révolution » doit être entendu au sens d’un changement de paradigme, à la manière de la révolution copernicienne ; c’est le corps citoyen qui devient au cœur du système politique, et non une ceinture d’astéroïdes tournant en orbite autour de l’État. Enfin, ce mot d’ordre permet une reformulation critique du mouvement Option citoyenne, le pouvoir citoyen n’étant plus une option mais le tremplin d’une réelle transformation.

Révolution citoyenne et pouvoir constituant

La révolution citoyenne n’est pas un concept nouveau ; la Revolución Ciudadana représente le coeur du projet de l’Alianza PAIS qui prit le pouvoir en novembre 2006 sous la direction de Rafael Correa en Équateur. L’Alliance pour le pays (acronyme de patrie fière et souveraine en espagnol), visait à combiner un patriotisme émancipateur et un socialisme du XXIe siècle approprié au contexte national équatorien. Selon le théoricien Heinz Dieterich, la transition vers une société postcapitaliste, c’est-à-dire vers un régime socioéconomique qualitativement différent de la société de marché, peut s’opérer de manière non-violente par un processus de transformation sociale basé sur la démocratie participative s’exprimant à différents niveaux :
a)     une économie mettant de l’avant une planification démocratique et décentralisée au niveau national, municipal et de l’entreprise (macro, meso, micro) ;
b)    une démocratie « majoritaire » (voire plébiscitaire) reposant sur des mécanismes de démocratie directe comme les référendums, révocabilité des mandats, conseils communaux, etc. ;
c)     une démocratie « représentative » reconnaissant le rôle des élu(e)s du peuple et garantissant un État de droit permettant de protéger les droits des minorités ;
d)    l’activité d’un sujet critique, rationnel, responsable : le citoyen autodéterminé.2

Sans nous avancer davantage sur l’étude historique et critique des réalisations, contradictions et difficultés des révolutions ayant cours au Venezuela, en Bolivie ou en Équateur, un des traits communs de ces expériences réside dans la convocation d’une Assemblée constituante qui a permis, dans chacun des cas, de refonder l’ordre constitutionnel, social, économique et politique sur la volonté populaire. Cette idée est notamment reprise par le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon dont la clé de voûte stratégique repose sur la convocation d’une Assemblée constituante pour instaurer la 6e République en France. Le mouvement Podemos en Espagne insiste également sur le rôle central de la souveraineté économique, politique, et populaire, comme si les idées centrales de la gauche latino-américaine étaient maintenant retraduites sur le Vieux Continent. Il ne s’agit pas ici de plaquer un modèle exotique sur le contexte québécois, mais d’interpréter dans nos propres termes l’articulation complexe du projet de société et du changement de régime politico-constitutionnel. Pour le dire en d’autres termes, il faut nationaliser la question sociale et socialiser la question nationale.

La structure institutionnelle de la nouvelle société québécoise devra être esquissée afin de proposer une alternative désirable, viable et atteignable à l’ordre socioéconomique dominant, tout en laissant suffisamment d’espace pour l’appropriation civique du projet politique. Il s’agit en quelque sorte de tracer les grandes lignes d’un monde possible, d’affirmer clairement certaines réformes immédiates qui seront entreprises pour améliorer concrètement les conditions de vie des gens, mais de laisser aux citoyens et citoyennes le rôle de chef d’orchestre dans l’élaboration de la forme du pays dans lequel ils seront appelés à vivre. Le peuple québécois sera alors convié à expérimenter l’auto-construction de sa maison, et donc à l’auto-institution imaginaire de la société pour reprendre l’expression de Castoriadis. La souveraineté populaire est un élément clé de la réappropriation du pouvoir d’agir par les gens ordinaires, groupes subalternes, classes moyennes et populaires qui peuvent discuter de la forme générale de la communauté politique qu’ils souhaitent élaborer et instaurer collectivement. Dans cette perspective, le peuple n’est plus un sujet collectif présupposé dès le départ par une quelconque identité particulière, mais le résultat émergent d’une activité politique, dont l’identité collective se définit progressivement par la participation, la délibération, l’expression directe des aspirations et des craintes d’un peuple en devenir.

Cette conception résonne avec l’idée rousseauiste de la liberté politique, entendue au sens d’une participation à la souveraineté, d’une activité qui permet au peuple de prendre vie par l’unification d’une multitude de perspectives. La volonté collective n’est pas déjà là, elle est l’expression d’une mise en commun des points de vue par l’activité de chacun et chacune. « Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale ; et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout. À l'instant, au lieu de la personne particulière de chaque contractant, cet acte d'association produit un corps moral et collectif, composé d'autant de membres que l'assemblée a de voix, lequel reçoit de ce même acte son unité, son moi commun, sa vie et sa volonté. Cette personne publique, qui se forme ainsi par l'union de toutes les autres, prenait autrefois le nom de cité, et prend maintenant celui de république ou de corps politique, lequel est appelé par ses membres État quand il est passif, souverain quand il est actif, puissance en le comparant à ses semblables. À l'égard des associés, ils prennent collectivement le nom de peuple, et s'appellent en particulier citoyens, comme participant à l'autorité souveraine, et sujets, comme soumis aux lois de l'État. Mais ces termes se confondent souvent et se prennent l'un pour l'autre ; il suffit de les savoir distinguer quand ils sont employés dans toute leur précision. »3

On ne saurait donc fonder un nouvel État, une nouvelle société, un nouveau système économique sans procéder par l’unité populaire qui pourra opérer le double processus de libération nationale et de transformation sociale. Or, ce sujet collectif révolutionnaire ne peut être créé ex nihilo par la simple convocation d’une Assemblée constituante, car il faut d’abord qu’une partie importante de la population soit mobilisée et convaincue qu’un tel changement est nécessaire. En d’autres termes, l’unité des forces citoyennes et populaires doit déjà être en formation avant l’élection d’un gouvernement solidaire, l’Assemblée constituante venant en quelque sorte appuyer sur l’accélérateur de la transformation sociale en laissant au peuple les pleins pouvoirs sur la rupture démocratique avec l’ordre constitutionnel canadien. On ne peut donc commencer à porter le projet de la souveraineté populaire dans l’abstrait ; il faut l’articuler avec une vision plus large, un projet de société, qui permettra de faire converger les mouvements sociaux et les classes moyennes réticentes au changement afin qu’elles en viennent à vouloir reprendre en main leur destin politique. Il est aussi vrai de dire que le projet de société est le but et la souveraineté populaire le meilleur moyen de l’atteindre, que de dire que la souveraineté populaire est le but et le projet de société le meilleur moyen de l’atteindre.

Le populisme démocratique comme matrice de la gauche populaire

Dans la postface d’un livre de Charles Gagnon sur La gauche québécoise qui paraîtra à l’hiver 2015 aux éditions Écosociété, j’essaie de montrer que la gauche québécoise du XXIe siècle achoppe toujours sur les mêmes problèmes théoriques et pratiques qui la guettaient autrefois. Tout se passe comme si la critique de Gagnon anticipait déjà deux impasses de la gauche actuelle qui l’empêchent de répondre aux défis de l’avenir : d’une part, l’anti-capitalisme dogmatique d’une jeunesse qui semble répéter l’enthousiasme du marxisme-léninisme d’autrefois, et d’autre part la gauche communautaire qui se rive sur la défense des droits des plus démunis et appelle aux bons sentiments pour créer une société meilleure fondée sur le cœur des électeurs. « On peut considérer la compassion comme un noble sentiment, mais cela ne constitue pas une politique ; elle peut inspirer une meilleure politique, mais elle n’en fournit aucun élément. »4

Or, nous pouvons tout de même esquisser une troisième voie qui entend dépasser l’opposition rigide entre l’intransigeance révolutionnaire et le réformisme pépère, pouvant être désignée par l’expression de « gauche populaire ». Cette perspective entend élaborer un projet politique de transformation sociale qui ne s’adresse pas d’abord aux militant(e)s, aux forces citoyennes et progressistes, mais aux gens ordinaires, aux classes moyennes et populaires, en reliant leurs préoccupations vécues aux causes structurelles qui renforcent les principales contradictions que la société. « En d’autres termes, on ne pourra pas dépasser les questionnements qui assaillent aujourd’hui la majorité des gens sur tous les plans, depuis les comportements individuels déviants jusqu’aux guerres sanguinaires, on ne pourra pas dépasser l’angoisse, l’insécurité et la fragilité qui accompagnent ces questionnements, sans formuler un paradigme ou une référence idéologique qui permettent de parvenir à une cohérence nouvelle qui soit adaptée aux collectivités humaines d’aujourd’hui et de demain. »5

Il s’agit de créer un nouveau sens commun « anti-système », qui oppose le peuple aux élites économiques et politiques, la démocratie et l’oligarchie, le bon sens et la corruption. Le « populisme démocratique » permet de repousser la tentation électoraliste qui consiste à s’accommoder du conservatisme ambiant en occultant des mesures jugées trop « radicales » afin de recentrer son discours sur l’échiquier politique. Il consiste, au contraire, à couper l’herbe sous le pied de l’hégémonie conservatrice en récupérant ses principaux thèmes (crise fiscale de l’État, corruption, perte d’emplois) et en leur redonnant un contenu émancipateur. Il ne s’agit pas de choisir entre le sectarisme de la gauche anticapitaliste et les sirènes du social-libéralisme, ni d’opter un juste milieu contradictoire, mais de dépasser cette opposition en formant un discours populaire et radical, anti-système et mobilisateur, capable de donner aux gens l’envie de reprendre le pouvoir sur leur vie.

Dans un contexte d’austérité et d’explosion des inégalités, la dénonciation du 1% devient toujours plus pertinente. « C’est qu’une couche de financiers parasitaires s’est constituée, eux qui s’enrichissent de façon exorbitante simplement en déplaçant quotidiennement des milliards de dollars appartenant souvent à d’autres, à la faveur des fluctuations boursières et des variations des taux de change, et ce, sans apporter la moindre contribution au développement de la richesse collective. Bien au contraire, ils le font plutôt en accentuant les distorsions existantes dans la répartition de la même richesse. C’est pour les intérêts de ces sangsues, au sens le plus fort du terme, qu’on nous impose de nous serrer la ceinture. C’est pour eux que l’État a pris son dernier virage de compressions budgétaires, de réduction des services en santé, en éducation et en soutien aux personnes démunies. »6

Or, la critique virulente du capitalisme financier et de la classe politique ne peut pas à elle seule faire naître une alternative sociale, et encore moins une volonté collective capable de la porter. C’est pourquoi il faut tracer les contours d’un sujet politique, c’est-à-dire d’une conscience commune qui pourra transformer des identités sociales isolées à l’intérieur d’une unité populaire. « J’ai parlé jusqu’ici de la gauche de façon plutôt indifférenciée. Or, si ce vocable doit recouvrir l’ensemble de ceux et celles qui formulent des griefs à l’endroit du statu quo, qui rejettent l’orientation actuelle que prennent la vie politique et l’ordre économique, la gauche est multiple : des jeunes anarchistes aux professeurs d’université; des assistés sociaux aux retraités; des exclus à la classe moyenne, des femmes aux Autochtones, il y a tout un ensemble de catégories de citoyens qui aspirent à des changements considérables de l’ordre en place. Cela en fait-il pour autant une majorité susceptible de s’unir politiquement? Cela n’est pas évident. »7

Nous pouvons ici faire appel aux analyses du défunt Ernesto Laclau portant sur la logique populiste. Tout d’abord, il fait remarquer que « le peuple ne constitue pas une expression idéologique, mais une relation réelle entre acteurs sociaux. Autrement dit, c’est une manière de constituer l’unité du groupe. »8 L’identité populaire se forme à partir d’une articulation d’éléments disparates, de « demandes sociales » qui peuvent rester isolées ou s’unir dans un contexte particulier. « Imaginons qu’une masse de migrants d’origine rurale s’installent dans un bidonville situé à la périphérie d’une grande ville industrielle en développement. Apparaissent des problèmes de logement, et ceux qui sont concernés par ces problèmes demandent aux autorités locales une solution. Ici, nous avons une demande qui, à l’origine, n’est peut-être qu’une pétition. Si la demande est satisfaite, les choses en resteront là ; mais si elle ne l’est pas, les gens peuvent s’apercevoir que leurs voisins ont d’autres demandes qui ne sont pas non plus satisfaites – des problèmes concernant l’eau, la santé, la scolarisation des enfants, etc. Si la situation reste inchangée pendant un certain temps, les demandes insatisfaites s’accumuleront et le système institutionnel sera de plus en plus incapable de les intégrer d’une manière différenciée (chacune isolément des autres), ce qui établit entre elles une relation d’équivalence. Cela pourrait facilement aboutir, si des facteurs extérieurs n’interviennent pas, à la constitution d’un fossé de plus en plus grand entre le système institutionnel et les gens. »9

Les demandes démocratiques isolées qui demeurent non satisfaites forment entre elles une chaîne d’équivalences, qui permet à son tour l’émergence d’une subjectivité sociale plus large et de demandes populaires. « Elles commencent ainsi, à un niveau embryonnaire, à constituer le peuple comme acteur historique potentiel. Ici, nous avons déjà deux préconditions évidentes du populisme : 1) la formation d’une frontière intérieure antagoniste séparant le peuple du pouvoir ; 2) une articulation de demandes équivalentes qui rendent possible l’émergence du peuple. Il y a une troisième précondition qui ne se réalise que lorsque la mobilisation politique atteint un niveau supérieur : l’unification de ces différentes demandes – dont l’équivalence, jusque-là, n’avait pas dépassé un vague sentiment de solidarité – en un système stable de signification. »10

L’insistance sur la nécessité de construire une nouvelle vision du monde, une « idéologie ouverte » et adaptée à l’air du temps, vient précisément du souci d’inscrire le « vague sentiment » de la gauche solidaire dans un système stable de signification. Après avoir examiné la logique globale de la révolution citoyenne et le principe de souveraineté populaire qui constitue la clé de voûte de l’émancipation sociale, il s’agit de voir comment cette conception prendra forme concrètement à l’intérieur de propositions qui stimuleront le goût pour l’avenir. Dans le prochain texte, nous poserons quelques jalons de la révolution citoyenne en précisant les réformes transformatrices sur le plan socioéconomique, démocratique et écologique qui rendront saillantes et inspirantes un ensemble d’alternatives cohérentes visant à surmonter les contraintes systémiques du statu quo.


1. Pierre Mouterde, Repenser l’action politique de gauche. Essai sur l’éthique, la politique et l’histoire, Écosociété, Montréal, 2005, p.111-133
2. Heinz Dieterich, Der Sozialismus des 21. Jahrhunderts – Wirtschaft, Gesellschaft und Demokratie nach dem globalen Kapitalismus, Homilius, 2006
3. Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, chap. I, vi
4. Charles Gagnon, La gauche québécoise, Écosociété, Montréal, 2015, à paraître
5. Ibid.
6. Ibid.
7. Ibid.
8. Ernesto Laclau, La raison populiste, Seuil, Paris, 2008, p.91
9. Ibid., p.92
10. Ibid., p.93

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